Grèce : les femmes absentes des élections législatives

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Sur la chaîne publique grecque ERT, le générique du débat précédant les élections législatives a sonné. Les six principaux candidats sont à l’écran, assis côte à côte sur le plateau. Six hommes.

Un pays politiquement dominé par les hommes

Cette confrontation pré-électorale reflète un pays où la politique, malgré les promesses de hauts responsables, reste largement dominée par les hommes. Les statistiques parlent d’elles-mêmes. Dans le parlement grec sortant, les femmes représentent seulement 21% des 300 députés. Au sein de l’Union européenne, la Grèce se classe au 23e rang sur 27 en termes de représentation féminine, devant la Roumanie, Malte, Chypre et la Hongrie.

Depuis 2019, le gouvernement conservateur de Kyriakos Mitsotakis ne compte que 10 femmes parmi ses 58 membres. De plus, seules deux d’entre elles occupent un poste ministériel, à savoir l’Éducation et la Culture.

Depuis son bureau surplombant une avenue d’Athènes, Vassiliki Thanou, 72 ans, utilise un langage mesuré pour aborder cette question. Ancienne présidente de la Cour de cassation, elle a été la première et la seule femme à ce jour à occuper le poste de Premier ministre grecque en 2015, lorsqu’elle a dirigé un gouvernement intérimaire avant la réélection d’Alexis Tsipras. Elle explique : “le nombre de femmes engagées en politique n’est pas satisfaisant”.

Pendant un mois seulement, cette magistrate a dirigé un pays en difficulté économique, secoué par la “crise” des réfugiés avec l’arrivée de centaines de milliers de migrants fuyant les conflits au Moyen-Orient sur les îles de la mer Égée.

Elle affirme : “Peut-être que la société grecque n’est pas (…) suffisamment mature pour reconnaître que les femmes ont le même potentiel que les hommes pour assumer des responsabilités politiques”, soulignant que “le droit de vote pour les femmes n’a été instauré qu’en 1952, relativement tard par rapport aux autres pays européens”.

Pourtant, depuis 2020, la Grèce a une présidente, Katerina Sakellaroupoulou, même si son rôle est honorifique. En outre, en 2019, la Grèce a renforcé sa législation en instaurant un quota obligatoire de 40% de femmes candidates sur les listes électorales.

Cependant, cette mesure peine à produire des résultats concrets. “Il y a (en effet) beaucoup de femmes sur les bulletins de vote, mais elles ne sont pas élues”,  déplore récemment Dora Palli-Petralia, candidate du parti Nouvelle-Démocratie (droite) à Athènes, lors d’une interview à la radio.

“Nous vivons dans une société patriarcale et méditerranéenne”

Selon Stella Kasdagli, co-fondatrice de l’organisation “Women on Top”, qui soutient les femmes dans leur parcours professionnel, “Nous vivons dans une société patriarcale et méditerranéenne. De nombreux stéréotypes de genre persistent”.

En avril, lors d’une interview avec une jeune animatrice d’une chaîne YouTube, Kyriakos Mitsotakis s’est engagé à nommer “beaucoup plus” de femmes dans son gouvernement s’il reste au pouvoir, qualifiant leur faible présence en politique d’un phénomène” d’une autre époque”.

Alexis Tsipras, son principal rival de la gauche Syriza, a aussi promis d’assurer la parité “50/50 partout”. En 2015, il avait été critiqué lorsqu’il avait formé un gouvernement dominé par la gauche radicale avec seulement deux femmes.

En Grèce, “la vie des femmes est quasiment intégralement définie par les taches du ‘care’ au sein de la famille”, notamment l’éducation des enfants et les soins aux parents âgés, explique Stella Kasdagli.

Dans ces conditions, il est difficile de se lancer dans le monde exigeant et chronophage de la politique.

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