Une infirmière de 25 ans et son ancien compagnon de 28 ans ont été mis en examen début août pour des agressions sexuelles sur des nourrissons hospitalisés à Montreuil (Seine-Saint-Denis). Trois victimes ont été identifiées à ce stade, tandis que des familles toujours plus nombreuses se constituent partie civile. La justice a choisi de placer les mis en cause sous contrôle judiciaire, une décision vivement contestée par le parquet.
Trois nourrissons victimes identifiés
Selon le parquet de Bobigny, trois bébés ont été victimes d’agressions sexuelles. L’un d’entre eux n’a pas encore été identifié, tandis que les mères des deux autres ont déposé plainte.
Lors d’une audience à la cour d’appel de Paris, la présidente a détaillé les actes filmés par l’infirmière : dans une vidéo, elle met deux doigts dans la bouche d’un enfant ; dans une autre, le sexe d’un bébé est touché, « sous la forme de caresses » et d’un pincement.
Les mis en examen : Juliette S. et Redouane E.
À la suite de révélations sur les réseaux sociaux, Juliette S., infirmière en réanimation néonatale, s’est dénoncée le 30 juillet. Elle a impliqué son ancien compagnon, Redouane E. Ils ont tous deux été mis en examen le 2 août : elle pour agressions sexuelles sur mineurs et diffusion d’images pédopornographiques, lui pour complicité, soupçonné d’avoir encouragé et commandité ces actes. Suspendue de l’hôpital, Juliette S. a dit agir « à la demande de Redouane E. » qui lui aurait confié « fantasmer sur des enfants ». De son côté, l’homme a reconnu avoir réclamé des vidéos « impliquant des mises en scène à caractère sexuel » mais a nié la présence d’enfants, ajoutant avoir « honte » et être « conscient de la gravité de ses actes ».
Quand ont eu lieu les faits ?
Les faits se seraient déroulés entre octobre 2024, date de la rencontre des deux mis en cause, et le 30 juillet 2025, jour de la dénonciation spontanée de l’infirmière. Les enquêteurs n’excluent pas d’autres victimes.
Sept familles se sont déjà constituées partie civile. Six autres ont fait de même, et de nouvelles demandes affluent, selon leurs avocats. « Mes familles veulent savoir si leur enfant a pu être victime et ne pas rester avec cette question en suspens jusqu’à la fin de leur vie », a déclaré Me Myriam Guedj Benayoun.
Le groupement hospitalier de territoire Grand Paris Nord-Est dit « partager l’émotion des familles ». Onze familles potentiellement concernées ont été reçues par la direction, qui affirme répondre aux demandes de dossiers médicaux « conformément à la réglementation et dans les délais requis ».
Le choix du contrôle judiciaire
Le 2 août, les juges d’instruction ont décidé de placer les deux mis en examen sous contrôle judiciaire, contre l’avis du parquet de Bobigny, qui a immédiatement fait appel.
Le 14 août, la cour d’appel de Paris a confirmé cette mesure. Concernant Juliette S., les magistrats ont estimé que la détention provisoire ne permettrait pas de « comprendre la démarche du passage à l’acte » et qu’elle devait poursuivre un suivi psychiatrique. Son avocate précise qu’elle a été admise aux urgences psychiatriques le jour même de sa mise en examen. S’agissant de Redouane E., devenu père en août, l’interdiction de tout contact avec des mineurs sans tiers, l’interdiction d’exercer auprès d’enfants et l’obligation de soins psychologiques ont été jugées suffisantes pour prévenir un risque de récidive.
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