Le cancer du poumon est en constante hausse chez les femmes. L’APHP veut travailler à une plus grande sensibilisation.
Forte augmentation du cancer du poumon due au tabac
Une étude présentée au congrès de pneumologie de langue française en janvier alerte « Le cancer du poumon n’est plus une maladie d’hommes ». Réalisée tous les 10 ans, l’étude mesure l’évolution de ces cancers, leur prise en charge et leur diagnostique. « Ce qu’on a constaté en 2020, c’est une augmentation très nette du contingent féminin dans le cancer du poumon » explique le pneumologue Didier Debieuvre. En 2000, 16% des patients atteints de cancer du poumon était des femmes, 24,3% en 2010 et 34,6% en 2020. Chez les moins de 50 ans, 41,1% des patients sont désormais des femmes.
En cause, le développement du tabagisme féminin, le tabac étant à l’origine de 84% des cancers du poumon dans la population globale et de 75% chez les femmes.
Malheureusement, ces cancers sont souvent diagnostiqués trop tard, au stade métastatique, ce qui réduit considérablement les chances de survie.
En France, le dépistage organisé n’existe pas pour la maladie, contrairement à ce qui se fait pour le cancer du sein, du côlon au encore de l’utérus, proposé systématiquement à la population cible. Les autorités sanitaires craignent un risque de « surdiagnostique » car beaucoup de tumeurs repérées ne sont pas cancéreuses et il serait inutile d’infliger des traitements lourds aux patients.
La Haute Autorité de la Santé (HAS) a encouragé « la mise en place d’expérimentations en vie réelle avant d’envisager le déploiement d’un programme de dépistage organisé à large échelle ».
Mettre en place le dépistage
Dans ce contexte, l’Assistance publique-Hôpitaux de Paris (AP-HP) vient de lancer l’étude Cascade, qui consiste à inviter 2400 fumeuses ou ex-fumeuses, âgées de 50 à 70 ans à se faire dépister. Elles doivent être originaires de Paris, Rennes, Grenoble ou Béthune et ne pas présenter de symptômes de la maladie.
Marie-Pierre Revel cheffe de service à l’hôpital Cochin supervise ce projet. Elle explique que durant deux ans, ces femmes subiront trois scanners à faible rayon ainsi qu’un suivi médical. « En France comme en Espagne, la situation épidémiologique chez les femmes est extrêmement inquiétante avec une hausse du taux de mortalité due à ce cancer de 3% tous les ans ».
Plusieurs études ont montré que le scanner permet de détecter très tôt des petites tumeurs et de mieux les traiter.
L’objectif de l’étude n’est plus de prouver l’efficacité du dépistage mais plutôt de déterminer quelles seraient les modalités d’un dépistage massif en France. « Une des questions concerne la lecture des scanners: peut-elle être faite par un seul radiologue, formé et aidé d’un logiciel d’intelligence artificielle ? » illustre Marie-Pierre Revel.
Pour l’instant, 500 femmes se sont manifestées pour participer à l’étude.
