Addiction au porno : les jeunes prennent la parole

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La rédaction

L’addiction à la pornographie touche de nombreux adolescents, mais reste largement ignorée. Au lycée L’Initiative à Paris, l’association We Are Lovers sensibilise les élèves grâce à des témoignages et des explications pour mieux comprendre ce phénomène.

« Je restais sur mon téléphone dans ma chambre toute la journée »

« Quand la pornographie était un problème dans ma vie, je restais sur mon téléphone dans ma chambre toute la journée. » Ce témoignage personnel illustre la réalité d’un grand nombre de jeunes. Au lycée L’Initiative, un étudiant de Sciences Po et un jeune ingénieur, bénévoles de l’association We Are Lovers (WAL), expliquent aux élèves de seconde comment le système pornographique est conçu pour créer une addiction. Ils décrivent la libération de dopamine, la recherche de sensations fortes, et l’accoutumance progressive. Selon une enquête de l’Arcom en 2023, 30 % des mineurs consultent chaque mois des sites pornographiques, avec une forte proportion dès 12 ans.

Conséquences sur la santé mentale et les relations

Les jeunes bénévoles partagent les effets néfastes de cette consommation excessive : fatigue, isolement, perte de confiance, difficultés sexuelles et comportements sexistes. Côme, 24 ans, confie : « Je sentais que la pornographie faisait que je m’isolais. Je n’étais plus motivé à sortir. Dans la vraie vie, je commençais à avoir du mal à parler avec des filles. » Marie-Pia, secrétaire générale de l’association, ajoute : « Parfois notre partenaire regarde de la pornographie et pense qu’il faut reproduire. On se dit, pour être aimée, il faut que je fasse ce qu’on me demande. » Ces témoignages montrent l’impact profond de la pornographie sur les rapports sociaux et affectifs.

Éduquer pour mieux accompagner : un enjeu de santé publique

L’association WAL agit comme un grand frère auprès des jeunes, organisant des interventions et un programme en ligne nommé Revival pour accompagner ceux qui souhaitent sortir de l’addiction. Mahé, 24 ans, insiste : « En parler à quelqu’un de confiance, ça permet de comprendre qu’on n’est pas tout seul. » Lors de cette session, la ministre chargée du numérique Clara Chappaz et la Haute Commissaire à l’Enfance Sarah El-Haïry ont assisté aux échanges. Beaucoup d’élèves reconnaissent avoir déjà vu du contenu pornographique, souvent sans le chercher. L’association milite pour que ce sujet soit abordé à l’école, comme le harcèlement, et propose également des ateliers pour parents et éducateurs.

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