The Women’s Voices reçoit Rose-May Lucotte, cofondatrice de CHANGE Now

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Rose-May Lucotte est cofondatrice de CHANGE Now, un événement international en faveur de la transition écologique et qui met en avant les initiatives positives des entreprises. Cynthia Illouz, fondatrice de The Women’s Voices l’a rencontré pour parler d’entrepreneuriat à impact.

 

Comment définiriez-vous l’entreprenariat à impact ?

La particularité des entreprises à impact, est qu’elles mettent au cœur de leur modèle leur mission d’impact positif sur la planète. Le profit n’est pas la fin en soi de l’entreprise, mais un moyen d’atteindre cette mission. Il s’agit de trouver un modèle économique viable pour décupler son impact in fine et, apporter un service qui sera une réponse à un problème environnemental ou social majeur.

Depuis 4 ans Change Now est un événement qui rassemble ces entrepreneurs sociaux venus du monde entier : comment évolue cette tendance ?

Quand nous nous sommes lancés en 2016/2017, nous avions rassemblé un premier noyau dur d’entrepreneurs. Quatre ans plus tard, on constate que ces entrepreneurs se sont énormément développés, mais une nouvelle génération se lance aussi sur ces sujets, qui intéressent de plus en plus les grands groupes, les investisseurs. On était sur un secteur assez niche il y a 4/5 ans, on est aujourd’hui au coeur de l’innovation de demain. Les investisseurs et les groupes s’en rendent compte aussi. Un exemple : en 2017, pour notre première édition, les investisseurs présents étaient principalement des investisseurs de l’impact. Aujourd’hui à Change Now, nous avons des investisseurs avec un spectre d’investissements et de thématiques très large.

Pouvez-vous nous donner des exemples marquants d’innovations à impact représentées au dernier Change Now Summit ?

Nous avons des solutions qui viennent de multiples verticales. Je pense à un exemple emblématique parmi les solutions que l’on a mises en avant : la solution “Planet Care”, une solution slovène basée en Angleterre, qui crée des filtres à micro-particules de plastique pour les machines à laver. Un vrai sujet, car à chaque cycle de lavage, nos vêtements en partie synthétiques émettent des micros-particules de plastique, qui partent ensuite de façon irrécupérable dans les égouts et les océans.

Lors du sommet nous avons organisé une rencontre entre cette solution et le Ministère de la transition écologique, qui a donné lieu quelques semaines plus tard à un nouvel article de loi, dans le cadre de la loi pour une économie circulaire. Ainsi, à partir de 2025 toutes les machines à laver vendues en France seront équipées de ce type de filtre.

Il y a également plein d’autres solutions que l’on suit dans la durée, notamment Plastic Odyssey qui fait de la récupération de plastique dans les océans, et de la sensibilisation dans le monde entier sur l’utilisation et la transformation de ces plastiques. On a également une solution plus récente qui fait des packaging pour les colis, afin d’envoyer des emballages réutilisables pour arrêter les cartons à usage unique. C’est un système de colis que l’on peut ensuite renvoyer dans un format compact, afin qu’il soit réutilisé.

Quelle place les femmes peuvent-elles jouer dans ce nouveau “business for good”, avez-vous des exemples ?

La société Too Good To Go, ou encore Yuka, sont des sociétés portées par des femmes. D’une manière générale, on se rend compte que l’on est sur un secteur vraiment mixte, où l’on trouve au sommet une égalité de représentativité homme-femme qui s’est faite presque naturellement dès les premières éditions. Nous sommes sur un sujet qui est porté de manière beaucoup plus égalitaire que dans certains secteurs. Une tendance très positive et encourageante, car ce sont des sociétés qui façonnent le monde de demain, et sont considérées comme étant au coeur de l’innovation.

Votre succès fait que Les Échos ont prit récemment une participation dans votre organisation. Comme s’est faite cette collaboration ?

À la 3ème année, vu l’ampleur que prenait l’événement, il y a eu un enjeu de levée de fonds — nous sommes passés de station F au Grand Palais, et d’un 1500m², à un 15 000m². Nous nous sommes rapprochés à la fois de fonds d’investissement, et avons eu des discussions assez approfondies avec le groupe “Les Echos”.

Nous nous sommes rendu compte que, au-delà de ces besoins de levée de fonds, nous pouvions créer des vraies synergies de visibilité médiatique, de contenus, d’activités. C’est ce qui a orienté notre choix. “Les Echos” jouent aussi un rôle amplificateur de notre action et des messages que l’on porte.

Le mouvement à pris de l’ampleur comme vous l’avez dit, à combien est passé le nombre de visiteurs ?

Nous sommes passé de 2000 à la 1ère édition, ce qui était déjà très bien, à 6000 pour la 2ème, et 28 000 à la 3ème édition au Grand Palais. Et sur la version digitale de cette année, nous étions à 55 000 participants.

Vous avez l’impression qu’il est important pour ces entreprises d’être présentes sur ce secteur de l’impact ?

Je pense que c’est devenu crucial. Une prise de conscience majeure a eu lieu, même si parfois cette transition prend du temps, suivant le secteur d’activité. Ces sujets sont de moins en moins traités en annexe, et de plus en plus considérés comme étant au coeur de la stratégie et de l’innovation des grands groupes. S’ils n’innovent pas sur le secteur de l’énergie et de la mobilité, innover sur des modèles bons pour l’environnement et la société représente même un vrai enjeu de durabilité. Il y aussi d’autres raisons d’un point de vue du marché, car le public est de plus sensibilisé à ces sujets. Ne pas être impliqués sérieusement sur ces sujets peut s’avérer nuisible pour ces entreprises, idem pour les investisseurs. En interne aussi, il y a une demande de plus en plus forte des collaborateurs, en faveur d’une entreprise qui ait un sens, et du sens à donner à leur propre métier, ainsi que la volonté d’être fiers de la finalité de ce pourquoi ils travaillent. Pour garder ses talents, l’entreprise a sa part à jouer sur ces sujets.

Vos partenaires économiques vont ont suivis très rapidement ou cela s’est fait progressivement ?

Progressivement. Déjà parce qu’un événement doit se faire connaître, il faut donc faire ses preuves. Maintenant nous avons des partenaires qui nous suivent depuis le début, notamment Kering, Citeo, Clarins, qui sont des groupes historiquement engagés, qui ont directement souhaité partager nos messages.

Comment travaillez-vous avec eux sur les solutions qu’ils proposent ? Vous les mettez en contact avec d’autres entrepreneurs ? Comment cela fonctionne ?

Nous avons vraiment un rôle de conseil. Nous n’arrivons pas avec un pack de visibilité « branding » pendant l’événement. On est sur un sommet qui se veut porté sur les solutions plus que sur l’image. Avec eux nous parlons vraiment d’actions concrètes, de comment l’on peut, en termes de visibilité, montrer des « best practices ». Il y a vraiment un gros travail d’identification des solutions susceptibles de les aider, même si ce n’est pas la partie visible de notre accompagnement. Clarins l’an dernier au Grand Palais, nous avait par exemple demandé d’identifier les solutions qu’ils allaient financer, pour être mis en avant à Change Now. Ce ne sont pas forcément des solutions issues de leur « scope », mais qu’ils veulent soutenir, et mettre en avant à Change Now.

Cela veut dire que ce n’était pas forcément des solutions autour de la cosmétique ?

Ils sont très axés sur la biodiversité. Nous leur avons proposé un certain nombre de solutions, leur action était de les soutenir, sachant que leur présence va accélérer ces solutions. Nous avons aussi un volet d’accompagnement de leurs collaborateurs, d’inspiration en interne. Cette année notamment nous avons mis en place des « learning expeditions », où l’on avait 100 ou 200 collaborateurs réunis en live pendant 1h30, qui ont présenté à la fois le sommet, l’impact, différentes solutions avec lesquelles ils pouvaient échanger en direct, et qu’on avait ciblées comme étant pertinentes par rapport à leurs enjeux. Nous avons un vrai rôle de connexion.

Quels sont les projets sur lesquels vous travaillez pour les éditions à venir ?

Notre mission est d’arriver à accélérer le secteur de l’impact, et la transition chez les différentes parties prenantes. Le sommet est vraiment axé sur les solutions porteuses de projets pour les entreprises. Nous lançons en septembre prochain une autre action, visant à sensibiliser les écoles et à impliquer davantage les organismes de formation sur les sujets d’impact : ce sera le premier classement des universités et écoles pour changer le monde, et pour que désormais ces critères de formation à la transition soient au coeur des classements, afin de permettre aux étudiants de bien s’orienter dans leurs choix de formation et de carrière.

Vous avez une « job fair » également ?

Exactement. Une « job fair » a été lancée il y a 2 ans. Chaque année, on l’accueille au Sommet afin de créer des ponts entre les entreprises de l’impact qui recrutent, et les talents qui veulent rejoindre ces secteurs mais ne connaissent pas forcément les entreprises concernées.

Vous travaillez depuis cette année sur une verticale autour des femmes ?

Tout à fait. Nous avons lancé de mars à mai un programme “Women for change”, visant à promouvoir des femmes qui sont en train de changer le monde. Avec l’Unesco et “Cartier Women’s Initiative”, nous avons identifié 15 femmes dans le monde, dont on considère qu’elles vont changer la décennie, et que l’on a accompagnées en visibilité sur tout le mois de mars. Nous avons également des temps forts d’inspiration, dédiés au rôle des femmes dans la société de demain.

#5000VOICES est une initiative rendue possible grâce à nos partenaires Engie, Accor, La Fondation RAJA, Aurel Bgc, Veolia et Mastercard.

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