VIDEO- Le bestseller le « Consentement » adapté au cinéma qui dénonce l’emprise et la pédophilie

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L’adaptation cinématographique du best-seller “Le Consentement” de Vanessa Springora, avec Jean-Paul Rouve dans le rôle de Gabriel Matzneff, amplifie son impact sur la compréhension des mécanismes de l’emprise et met en perspective la notion de consentement. Le film de la réalisatrice Vanessa Filho explore la terrible emprise exercée par l’écrivain quinquagénaire sur une adolescente de 14 ans, dénonçant également la complaisance dont il a bénéficié dans le milieu intellectuel parisien pendant des décennies.

Décryptage du mécanisme de l’emprise et redéfinition du consentement

Le film, tiré de l’ouvrage de Vanessa Springora et vendu à plus de 300 000 exemplaires depuis 2019, cherche à choquer pour mieux sensibiliser. Il met en lumière la relation terrible entre Gabriel Matzneff et Vanessa Springora, alors âgée de 14 ans, exposant les scènes d’intimité pour susciter une réflexion sur la protection des mineurs.

“Le livre a changé les mentalités. Le porter à l’écran, c’est utile: un film, c’est plus accessible”, souligne Jean-Paul Rouve.

Adrien Taquet, ancien Secrétaire d’Etat chargé de la protection de l’enfance, souligne comment le récit a éclairé les rapports de domination liés à l’âge et au statut social. “Il a permis d’interroger la notion complexe de consentement”, précise Adrien Taquet.

Anne-Cécile Mailfert, présidente de la Fondation des Femmes, explique également comment le livre a permis de remettre en question la notion de consentement dans des situations inégalitaires.

Un adaptation cinématographique réussie

Jean-Paul Rouve, connu pour son rôle de Jeff Tuche, se métamorphose littéralement dans le rôle de Matzneff. Crâne rasé, lunettes de soleil, sourire lubrique, l’acteur explique qu’il est prêt à “jouer une saleté” tant que le film lui convient moralement. Il détaille les efforts physiques pour se rapprocher du personnage obsédé par son corps, démontrant son engagement fort dans le rôle.

“Notre métier, c’est prendre des risques artistiques, c’est défricher et, si on se plante, on se plante”, souligne l’acteur.

La jeune Kim Higelin, qui incarne l’autrice Vanessa Springora à l’écran, exprime sa responsabilité en portant la voix de l’autrice qui a témoigné de sa douloureuse adolescence. Elle souligne l’étonnement face à la complaisance entourant la pédophilie, illustrée par des extraits de Matzneff sur le plateau télé “d’Apostrophes” intégrés dans le film. A l’époque seule la canadienne Denise Bombardier avait condamné à l’antenne la situation ubuesque d’encenser un pédophile avéré.

“Ça m’a bouleversée de porter une voix, de prolonger le courage de quelqu’un, de porter un message”, confie Kim Higelin.

La réalisatrice, Vanessa Filho, dénonce “beaucoup d’hypocrisie” persistante et espère que le film jouera un rôle de prévention. En refusant d’éluder les scènes controversées, elle souligne l’importance de ne pas édulcorer la réalité pour un impact plus profond.

“Même dans les scènes qui peuvent être les plus impressionnantes pour les spectateurs, on n’imagine pas à quel point ça a été beau, bienveillant et léger”, précise Kim Higelin.

Une oeuvre qui a bousculé la législation

Bien plus qu’un succès littéraire ; “le consentement” a agi comme une déflagration dans la société et comme un catalyseur de changement. Selon Marlène Schiappa, ancienne ministre de l’égalité femmes-hommes, le livre a marqué un avant et un après, créant un terrain favorable à des modifications législatives.

Le livre a en effet permis l’adoption de la loi Billon d’avril 2021, qui établit qu’aucun adulte ne peut se prévaloir du consentement sexuel d’un enfant de moins de 15 ans.

Ce récit livré dans un contexte de libération de la parole post #MeToo, fait partie d’une série d’autres œuvres phares dénonçant la pédocriminalité comme :  “La Consolation” (2016) de Flavie Flament, le film “les Chatouilles” d’Andréa Bescond (2018), et “La Familia Grande” de Camille Kouchner (janvier 2021).

En août 2020, le secrétaire d’Etat annonce la création de cette Commission indépendante sur l’inceste et les violences sexuelles faites aux enfants. Installée en janvier 2021, elle est chargée de recueillir le témoignage des victimes et conseiller le gouvernement.

Ces évolutions ont été saluées comme des avancées, mais des défis subsistent.

“La Ciivise a fait vingt préconisations et la plupart ne sont pas mises en œuvre”, relativise Anne Clerc, déléguée générale de l’association Face à l’inceste.

En adaptant “Le Consentement” au cinéma, la réalisatrice et les acteurs ont pris des risques artistiques pour diffuser un message essentiel. Le film n’est pas seulement une œuvre cinématographique, mais un moyen puissant de rappeler à la société l’importance de protéger les mineurs contre les prédateurs et de condamner des normes sociales qui tolèrent de tels comportements. Le succès de cette adaptation pourrait amplifier davantage la prise de conscience et encourager des actions concrètes pour renforcer la protection des plus vulnérables.

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