Cinéma : « Je verrai toujours vos visages », beau casting pour la « justice restaurative »

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La rédaction

Alors que son film « Pupille« , sur l’adoption, avait ému plus de 800.000 spectateurs il y a cinq ans, la réalisatrice Jeanne Herry réunit pour un nouveau film, un casting de luxe sur la « justice restaurative ».

Criant de vérité et parfois quasi-documentaire, « Je verrai toujours vos visages » s’attaque à un dispositif méconnu. « La justice restaurative? Comme tout le monde, je n’y connaissais rien et j’ai appris énormément ! », explique l’actrice Adèle Exarchopoulos, l’un des rôles principaux, aux côtés de Dali Benssalah, Leïla Bekhti, Élodie Bouchez, Suliane Brahim ou encore Gilles Lellouche, Miou-Miou et Denis Podalydès.

Mis en oeuvre depuis six ans en France, ce dispositif, qui ne remplace pas les condamnations, consiste à faire dialoguer des victimes et des auteurs d’infraction qui ont reconnu les faits et lutter ainsi, entre autres, contre la récidive. Parmi les cas pratiques explorés, Gilles Lellouche interprète un homme qui a été victime d’un braquage à domicile, Leïla Bekhti une caissière qui a vécu un hold-up, Dali Benssalah un cambrioleur violent…

Au début du film, victimes et auteurs ne se connaissent pas et n’ont aucune raison de se croiser. Leurs discussions, parfois abruptes, vont leur permettre de faire un pas les uns vers les autres, aidant les premiers à se reconstruire, les seconds à prendre conscience des conséquences de leurs actes.

Passeurs indispensables pour « accueillir inconditionnellement » cette parole, des professionnels les encadrent, joués notamment par Jean-Pierre Darroussin et Elodie Bouchez. En plus des groupes de parole, le film se penche plus en profondeur sur l’histoire d’une jeune femme violée par son frère dans son enfance. Jouée par Adèle Exarchopoulos, elle va faire appel à la justice restaurative après la libération de son agresseur, pour organiser une médiation et définir leur quotidien dans la même ville, de façon qu’ils n’aient plus jamais à se croiser. Cette rencontre permettra-t-elle aussi de réparer un peu le mal qu’il lui a fait ?

Pleurer, ça fait « du bien »

« Oublier ses problèmes et pleurer devant les problèmes des autres, ça peut faire du bien », a expliqué la réalisatrice, dont le film, plaidoyer pour ce dispositif judiciaire alternatif, adopte une tonalité résolument positive. Jeanne Herry ne voit d’ailleurs pas d’inconvénient à « raconter une histoire positive », loin des discours répressifs sur la justice, quand « le cinéma d’auteur français a tendance à être plus sombre »: « les gens ont peut-être besoin de ça ».

Le film fait le choix d’une mise en scène très sobre, autour d’entretiens et de cercles de parole, réservant quelques flashbacks pudiques à l’unique histoire d’inceste. « J’adore les visages », explique Jeanne Herry, pour justifier ses choix. « Les corps sont fixes mais il se passe énormément de choses à l’intérieur » des personnages.

Les émotions des victimes, comme celles des auteurs, ne passent que par leurs mots. « Récités à la virgule près, comme si les respirations des personnages étaient calculées, millimétrées », raconte Adèle Exarchopoulos.

« Jeanne Herry est très nuancée, subtile, humaine et lumineuse, à l’image de ses films », loue l’actrice, qui a particulièrement apprécié « le terrain de jeu » sur ce tournage. « C’était de grands récits donc j’avais peur que ce soit ennuyeux, on ne va pas se mentir. Jeanne m’a beaucoup aidée pour ne pas rentrer dans une mécanique ».

Comme dans « Pupille », la réalisatrice de 44 ans offre un rôle à l’actrice Miou-Miou, sa mère, qui interprète une femme âgée s’étant fait arracher son sac. « Je n’avais jamais connu un tournage comme ça, avec un flot de texte, assis trois semaines sur des chaises, sans table, à s’écouter et à parler. Avec une telle empathie que, quand quelqu’un finit son récit, on l’applaudit ».

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