Banel et Adama : le film de Ramata-Toulaye Sy sort au cinéma

AccueilCultureBanel et Adama : le film de Ramata-Toulaye Sy sort au cinéma

“Banel et Adama”, premier long métrage de Ramata-Toulaye Sy, benjamine de la compétition officielle du festival de Cannes 2023 sort au cinéma le 3O août.

Pour son premier long-métrage, la réalisatrice franco-sénégalaise a posé sa caméra dans un village rural du nord du Sénégal. Le film, qui avait été présenté en sélection officielle au Festival de cannes, est entièrement en peul.

Une femme qui veut vivre sa vie comme elle l’entend

Au centre du long métrage, Banel et Adama, qui s’aiment et ambitionnent de quitter le village pour vivre leur couple loin des pressions de leurs familles. Mais c’est l’histoire de Banel qui porte réellement le film. “L’histoire d’amour est un prétexte pour raconter l’histoire de Banel”, explique la réalisatrice. “J’avais envie de raconter la complexité, la profondeur de cette femme, ses questionnements et ses souffrances”. Fougueuse, frondeuse et rebelle, Banel veut vivre sa vie et son amour avec Adama comme elle le désire. Lorsqu’elle tient tête à sa belle-mère en refusant la maternité, celle-ci agite la menace d’une deuxième épouse.

“Banel, c’est un personnage qui est tombé du ciel, qui n’a pas sa place dans ce village. Elle fait tout pour y vivre mais n’y arrive pas”, explique Ramata-Toulaye Sy. Elle explique avoir eu envie de raconter “l’histoire universelle”  et intemporel d’un amour troublé par les dérèglements climatiques et les traditions.

 

Un film né en 2014

Ramata-Toulaye Sy a écrit ce film en 2014 alors qu’elle était toujours étudiante à l’école de cinéma la Fémis. “Je l’avais mis de côté car je ne me sentais pas prête à réaliser. Ce n’est qu’en 2020 que j’ai décidé de me lancer”, relate-t-elle. Ramata-Toulaye Sy, qui est née, a grandi et fait ses études en France, confie d’ailleurs avoir ressenti le “besoin” de réaliser son premier film au Sénégal.

“La première partie du film, c’est vraiment l’Afrique rêvée, sa nature, sa lumière, explique-t-elle. La deuxième partie du film est plus sombre et évoque la question de la sécheresse, qui tue le bétail et pousse les villageois à quitter leurs terres.”. Une inspiration esthétique qu’elle trouve dans la peinture : “Je me suis beaucoup inspirée de Van Gogh, de Munch, l’artiste afro-américain Kerry James Marshall, du Ghanéen Amoakoa Boafo aussi“, explique-t-elle.

“On vit dans un monde d’hommes”

Ramata-Toulaye Sy sait qu’en tant que femme réalisatrice, elle est une exception dans un univers masculin. “Même si je n’ai pas eu de mal à réunir le budget, je fais mon premier film à presque 37 ans et je sais qu’il y a des hommes qui font le leur à 22 ans“, observe-t-elle. “En réalité c’est beaucoup plus difficile pour une femme, plus difficile pour les Africains aussi. Et je pense que ça mérite qu’on se questionne là-dessus. Le problème du cinéma, c’est le problème du monde. On vit dans un monde d’hommes alors que ce devrait être un monde mixte. On ne devrait plus compter et avoir la parité dans tous les domaines.”

Découvrez aussi