Le sexisme et l’âgisme creusent un fossé économique important entre hommes et femmes. Selon la Fondation des femmes, ce sont plus de 157 000 euros que perd une femme salariée en moyenne sur 20 ans, un coût souvent invisible mais aux conséquences lourdes sur la vie professionnelle et la retraite.
L’écart de revenus entre femmes et hommes se creuse avec l’âge
« Entre 40 et 60 ans, à chaque bougie soufflée, une femme salariée perd en moyenne 7.862 euros par rapport à un homme du même âge », révèle la Fondation des femmes. Sur deux décennies, ce désavantage financier s’accumule pour atteindre la somme alarmante de 157.245 euros. Ce chiffre, fondé sur une analyse précise des données Insee, témoigne des inégalités persistantes dans le monde du travail.
À 40 ans, une femme gagne en moyenne 22.830 euros par an, contre 29.710 euros pour un homme. À 60 ans, la différence demeure avec respectivement 21.410 euros pour les femmes et 29.430 euros pour les hommes. « Si elle avait été un homme, elle aurait gagné à 40 ans 29.710 euros annuels (soit 6.880 euros de plus) et à 60 ans 29.430 euros (soit 8.020 euros de plus) », souligne l’association.
Les raisons multiples derrière cet écart économique
Anne-Cécile Mailfert, présidente de la Fondation des femmes, explique :
« C’est lié à de nombreux facteurs : les femmes ont choisi des emplois moins rémunérés, notamment des métiers du soin, il y a moins de progression de carrière, elles vont être confrontées à des problématiques de santé, d’aidance, de divorce, qui vont se cumuler et aggraver les choses. »
Le rapport évoque notamment une « santé dégradée et passée sous silence » — 87% des femmes en France souffrent d’au moins un symptôme lié à la ménopause. À cela s’ajoute le « coût invisible de la maternité » et le soutien familial : « les femmes dédient 23 millions d’heures hebdomadaires gratuitement à la garde d’enfants », rappelle le rapport.
Ce « décrochage économique » a des conséquences à long terme : 75% des retraités français vivant aujourd’hui avec moins de 1.000 euros par mois sont des femmes.
Des pistes pour réduire ce coût de la séniorité
Face à ce constat, la Fondation des femmes appelle à agir pour limiter cet impact. Elle préconise que « l’aidance compte pour la retraite », à l’image de la maternité, via une « majoration aidance » qui permettrait de valider des trimestres pour ceux qui interrompent ou réduisent leur activité pour aider un proche.
La Fondation souhaite aussi reconnaître la pénibilité du travail féminin, former les médecins du travail aux enjeux de la ménopause, et créer de nouveaux congés aidants et grands-parents.