Trishanti Kusitarini :"Dès le début de mes études, j’ai eu envie de relever les défis liés à la préservation de notre planète"

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Trishanti Kusitarini

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Trishanti Kusitarini est ingénieure au pôle Traitement de l’Eau potable pour les municipalités chez Veolia en Indonésie. Diplômée d’un master en sciences et ingénierie de l’eau, Trishanti Kusitarini est passionnée par la préservation des ressources et les écosystèmes marins. Rencontre.

Pouvez-vous nous décrire votre parcours professionnel ?

Dès le début de mes études, j’ai eu envie de relever les défis liés à la préservation de notre planète. Mon parcours en ingénierie environnementale m’a montré combien le lien entre l’Homme et l’environnement est fascinant et complexe. Après un master en sciences et ingénierie de l’eau, j’ai obtenu un premier poste en tant qu’ingénieur process, ce qui m’a permis de bien comprendre les systèmes clés impliqués dans la préservation de nos ressources. J’ai ensuite évolué et gagné en compétences et en responsabilités en devenant chef de projets. Aujourd’hui, j’occupe un poste stratégique chez Veolia, au sein de son activité Traitement de l’Eau potable pour les municipalités. Mon expérience et mes compétences acquises au fil de mon évolution professionnelle, alliées au travail d’ingénierie, me permettent d’avoir une compréhension globale du métier et de fait, de donner le meilleur en termes de leadership et prise de décision.

Quelle est la particularité de votre domaine d’activité ?

En 2021, près de 91 % des ménages indonésiens avaient accès à l’eau potable. Même si ce chiffre n’a cessé d’augmenter au cours des dix dernières années, l’accès à l’eau reste un problème majeur dans les zones rurales et les petites îles. Il revient donc aux services de distribution d’eau de relever ce défi et de tout mettre en œuvre pour économiser la ressource et anticiper tous les scénarii de pénurie, comme les périodes de sécheresse, pour assurer, en continu, une bonne gestion de la demande en eau. Garantir un approvisionnement en eau propre, sûr et fiable, est au cœur de notre mission. Nous avons en effet un impact significatif sur l’environnement, depuis l’approvisionnement en eau jusqu’au traitement et l’élimination des déchets. De par notre travail, en veillant à ce que les systèmes fonctionnent efficacement et en étendant leur portée, nous pouvons significativement améliorer l’accès à l’eau potable.

De quoi êtes-vous le plus fière professionnellement ?

Le lancement par notre équipe multidisciplinaire de la première station d’épuration combinant le traitement des eaux usées et de l’eau potable dans notre région est une réalisation remarquable. Ce projet novateur répond à des défis uniques. Il a fallu au départ dépasser le scepticisme des différentes parties prenantes et réussir cette prouesse technique consistant à concevoir et mettre en œuvre un système capable de traiter efficacement – et en toute sécurité – à la fois les eaux usées et l’eau potable. La transparence et le dévouement sans faille de nos équipes ont permis de gagner la confiance de chacun. Au final, la mise en service réussie de la station témoigne de notre effort collectif, notre résilience et notre foi inébranlable en la réussite de ce projet. Cela prouve qu’une équipe unie peut mener à bien un projet sans précédent et transformer notre manière de gérer les ressources en eau.

Quel conseil donneriez à une jeune femme qui arrive en entreprise ?

J’en donnerais 5. Il s’agit d’abord de relever le défi. Et pour cela, le travail acharné et la persévérance sont essentiels. Cela implique aussi de traiter les difficultés comme des occasions pour apprendre et progresser plutôt que comme des obstacles. Il faut ensuite savoir se fixer des objectifs clairs à court et à long terme afin de rester concentrée, motivée et persévérante, même dans les moments difficiles. Mon 3e conseil est de ne jamais cesser d’apprendre. Qu’il s’agisse d’acquérir de nouvelles compétences, de perfectionner celles que l’on possède déjà ou se tenir au courant des tendances du secteur : un apprentissage permanent est essentiel à la réussite. Il ne faut pas craindre l’échec car il fait partie du processus mais apprendre de ses erreurs et aller de l’avant. Et enfin, il ne faut pas avoir peur de s’affirmer, de défendre ce en quoi on croit, de demander des ressources et de dire non lorsque c’est nécessaire.

Qui ont été les « voix » inspirantes dans votre carrière et quels ont été leurs messages ?

Ma précédente responsable qui disait que chaque problème trouve sa solution, même si elle n’est ni parfaite, ni complète. Les problèmes se résolvent rarement d’eux-mêmes. Il faut généralement l’implication active de personnes déterminées. Les gens doivent souvent collaborer, innover, expérimenter et persister à relever les défis pour trouver des solutions efficaces. Toutefois, il est essentiel de reconnaître que certains problèmes peuvent ne pas avoir de solutions claires du fait de leur complexité ou de la diversité des perspectives. Même si tous les problèmes n’ont pas de solutions immédiates ou parfaites, la persévérance, la collaboration et l’apprentissage continu permettent de trouver des réponses efficaces aux défis auxquels nous sommes confrontés.

Qu’est-ce qui vous motive le plus et pourquoi ?

Le fait d’avoir des parents qui travaillent dur est une source de motivation incroyable. Leur dévouement et leur assiduité me montrent la valeur du travail, de la persistance et de la résilience pour atteindre ses objectifs. Leur engagement m’a appris que le succès est le fruit d’efforts constants. Ils me soutiennent, ce qui me permet de prendre des risques et poursuivre mes ambitions. Ils croient en moi, ce qui me pousse à viser l’excellence et dépasser mes propres attentes. Savoir qu’ils sont fiers de mes réalisations, petites ou grandes, me motive à toujours plus apprendre, grandir et réussir.

Quelle est votre devise ?

“Si tu crois que tu peux le faire, alors fais-le !”. Cette devise souligne le pouvoir de la confiance en soi. Si l’on croit vraiment en sa capacité à accomplir quelque chose, il est alors possible de surmonter tous les obstacles pour atteindre son objectif.

Partagez avec nous des méthodes, des tips qui vous servent le plus au quotidien dans votre travail.

Une bonne communication est essentielle. Il est important d’être précis, éviter tout jargon inutile pour que le message soit le plus clair possible. Attention également aux signaux non verbaux, comme le langage corporel, les expressions faciales ou encore le ton de la voix. Par ailleurs, le choix des canaux de communication est également important. Par exemple, les mails sont efficaces pour des instructions détaillées, mais les réunions sont plus appropriées pour des discussions sensibles ou plus complexes.
Une bonne écoute est également primordiale. Dans ce sens, je conseille la pratique de l’écoute active, qui consiste à se concentrer pleinement sur ce qui est dit, à bien le comprendre avant d’y répondre. Cela demande de résister à l’envie d’interrompre son interlocuteur.
Admettre ses erreurs est encore une fois, essentiel. Il ne faut pas hésiter à faire des excuses sincères pour dissiper tout malentendu. Et puis surtout, chaque erreur représente une nouvelle opportunité d’apprentissage. On peut ainsi transformer une situation négative en une leçon précieuse et continuer à aller de l’avant.

Parlez-nous de 3 femmes dont les voix devraient être plus entendues ?

Étant moi-même une plongeuse passionnée, je dirais Sylvia Earle, également connue sous le nom de “Her Deepness”. Elle est ma principale source d’inspiration. Pionnière de l’océanographie, elle a réalisé des records de plongée en eaux profondes. Son courage et sa curiosité ont ouvert la voie aux futures générations de femmes scientifiques et exploratrices. Elle a mené des recherches cruciales sur les écosystèmes marins et a écrit de nombreux ouvrages sur la biologie et la conservation marine. Ses travaux ont largement contribué à notre compréhension de l’océan et son rôle majeur pour la vie sur Terre. L’océan étant l’une de nos plus grandes ressources, il est essentiel de le gérer et de le protéger de manière durable. Des problèmes tels que la surpêche, la pollution et le changement climatique constituent de graves menaces pour l’homme. A l’âge de 80 ans, Sylvia Earle continuait de participer à des expéditions de plongée sans montrer aucun signe de fatigue. J’espère qu’il en sera de même pour moi et que je pourrai aussi continuer à plonger à 80 ans !

Quelle est l’anecdote dans votre vie professionnelle que vous ne racontez que rarement ?

Je travaille mieux sous pression. Je me considère comme une éponge. Sans pression, je suis une éponge ordinaire. Mais sous pression, je deviens tout à coup Bob l’éponge ! Je me lance dans l’action, je travaille rapidement et efficacement, stimulée par l’excitation d’un délai serré. C’est ma tasse d’expresso personnelle, sans besoin de caféine. Un soupçon de panique, une pincée de chaos, et voilà que ma productivité se met à bouillonner ! Comme on dit, c’est sous la pression que l’on fait les diamants. A ma manière, j’aspire à devenir un diamant !

 

Quels sont le livre, le film et la série que vous recommanderiez en ce moment ?

A life on our planet: My Witness Statement and a Vision for the Future de Sir David Attenborough. Dans cet ouvrage, Attenborough – à travers de nombreux témoignages – détaille les changements substantiels du milieu naturel qu’il a observés au cours de sa vie. Il explique comment l’activité humaine, notamment la dépendance aux combustibles fossiles et la destruction des habitats naturels, a entraîné un déclin de la biodiversité et une accélération du changement climatique. Il propose une vision de l’avenir dans laquelle l’humanité peut coexister harmonieusement avec le milieu naturel, en s’appuyant sur des solutions, comme les énergies renouvelables, la réduction de la consommation de viande, la restauration de la biodiversité et la stabilisation de la croissance de la population humaine grâce à l’amélioration de l’accès aux soins et à l’éducation. Tout au long de l’ouvrage, le principal message d’Attenborough est un message d’espoir. Malgré les dégâts considérables causés par l’homme, il croit fermement que si nous agissons maintenant, nous pouvons créer un avenir durable pour toutes les espèces vivantes.
Coté séries, je recommande Ted Lasso. Regarder cette série, c’est comme commander un bol de salade et découvrir qu’y sont mélangés, des arcs-en-ciel et des rires. Jason Sudeikis, un entraîneur américain désemparé, fait honneur au football britannique en multipliant les gaffes et en faisant preuve d’un optimisme à toute épreuve. C’est réconfortant, hilarant et incroyablement britannique. Il y a des biscuits et du thé. Vous allez rire, vous allez pleurer, vous allez avoir envie d’un bon biscuit !
You’ve got mail est un film que j’ai regardé encore et encore. C’est comme une couverture bien chaude alliée à une tasse de délicieux chocolat un jour de pluie. La magie de Nora Ephron est présente dans chaque image, avec une écriture intelligente et un délicieux équilibre entre l’humour et le cœur. Ce n’est pas seulement un film, c’est un vrai moment de réconfort qui nous renvoie à une époque où la seule notification “you’ve got mail” d’AOL était le moment le plus excitant de la journée. Votre cœur vous remerciera.

#5000VOICES est une initiative rendue possible grâce à nos partenaires Engie, Accor, La Fondation RAJA, Aurel Bgc, Veolia et Mastercard.

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