Erell Tassin : "L’entrepreneuriat et l’investissement sont deux domaines où les femmes sont peu attendues !"

Suite à mes études à Sciences Po et un voyage à la Silicon Valley qui m’a profondément marquée, j’ai souhaité évoluer dans le secteur de l’entrepreneuriat et de la tech.
Après un passage en stratégie au sein d’un grand groupe au Royaume-Uni, j’ai rejoint le startup studio et fonds d’investissement d’ENGIE au Chili puis en France, avant de me tourner vers l’entrepreneuriat.
En 2021 je me lance dans une première aventure entrepreneuriale dans le secteur de la finance avant de lancer en 2023, My Fenix : une application et un club d’investissement permettant aux femmes de gagner en connaissances financières et de passer à l’action en finançant des projets qui font sens pour elles et pour la planète.

L’entrepreneuriat et l’investissement sont deux domaines où les femmes sont peu attendues ! Aujourd’hui en France, 76% des startups sont fondées par des équipes 100% masculines. Côté levées de fonds, moins de 2% des fonds levés vont à des startups fondées par des femmes.
Parallèlement, les femmes investissent peu. Aujourd’hui seulement 18% des femmes investissent, alors qu’elles sont 4 sur 5 à épargner régulièrement.
Ce sont ces deux problématiques que je souhaite résoudre avec My Fenix.

Nous sommes en pleine campagne de lancement de notre application ! Et l’année 2024 s’annonce intense ! Notre principal enjeu : fédérer une communauté de femmes autour de notre application d’éducation financière et lancer notre club d’investisseuses 2.0 qui leur permettra d’investir dans des startups de façon accessible. Nous sommes donc à une étape tant cruciale que passionnante pour My Fenix !
Côté personnel, c’est l’ascension du Mont Blanc avec une amie l’été prochain. J’y vois aussi une belle métaphore de l’entrepreneuriat.

D’avoir suivi ma curiosité et d’aller là où on m’attendait le moins ! J’ai toujours pris mon épanouissement personnel comme une boussole. C’est en suivant ce qui nous passionne que les opportunités se créent. Cette mentalité m’a permis de vivre et de travailler dans différents pays, de toucher à plusieurs métiers et secteurs, et enfin de me lancer dans l’entrepreneuriat. En tant que femme, on nous apprend à suivre les consignes et à ne pas prendre trop de risques. Il faut arriver à se détacher de cette image même si ce n’est pas toujours évident.

Mon plus grand regret : ne pas m’être lancée plus tôt dans l’entrepreneuriat ! Je pensais devoir monter en compétences sur divers sujets : tech, finance, management avant de pouvoir me lancer. J’ai créé des entreprises pour des grands groupes plusieurs années avant de lancer ma propre entreprise ! Ce que j’en retiens, c’est que nous ne sommes jamais vraiment “préparés” pour entreprendre, car c’est en faisant qu’on apprend. Chaque entreprise lancée est différente et présente son lot de surprises. L’essentiel c’est de savoir s’adapter et de bien s’entourer.

Pas besoin d’être entrepreneur pour entreprendre ! Entreprendre c’est avant tout un état d’esprit, c’est sortir de sa zone de confort, être pro-active et trouver suffisamment de courage pour se dépasser. C’est une mentalité que l’on peut appliquer à tous les aspects de la vie. Un autre conseil : aller à la rencontre des autres. Ne pas hésiter à aller interroger les personnes qui nous inspirent, aujourd’hui il existe plein d’outils pour le faire, comme LinkedIn. Les leaders sont parfois plus accessibles qu’on ne l’imagine.

Un investisseur m’a dit un jour “concentre toi sur tes qualités, plutôt qu’essayer d’améliorer à tout prix tes faiblesses”. C’est l’un des meilleurs conseils que j’ai reçus. J’ai de la chance d’avoir croisé des mentors qui m’ont beaucoup soutenue, tant en entreprise que dans le milieu entrepreneurial. Le combat pour l’égalité hommes / femmes doit être inclusif, j’ai de la chance de pouvoir compter sur de vrais alliés. J’ai aussi rencontré au sein de L-Impact des femmes formidables, qui m’ont appris à développer mon ambition et dépasser mes doutes.

Ce qui me motive le plus : les générations futures. J’ai envie que les jeunes filles d’aujourd’hui rencontrent moins d’obstacles pour atteindre leurs rêves et surtout qu’elles aient des role-models vers qui se tourner.

“Pay it forward”. Ce qui veut dire deux choses de mon point de vue : accepter de recevoir de l’aide des autres, et aider à son tour. Même avec un emploi du temps très chargé, je réserve toujours un moment dans ma semaine pour aider les autres, que ça soit via mon engagement associatif ou simplement en accompagnant d’autres entrepreneures. Et lorsque j’ai besoin d’aide, je n’hésite pas à faire appel à mon réseau !

Quand on lance une entreprise, il est très facile de perdre le cap et de s’éparpiller. Chaque matin je me demande : quelles sont les trois tâches que je dois faire impérativement aujourd’hui ? Et je m’y tiens. C’est un tips simple et pourtant très utile quand on l’applique. Je fais aussi sans attendre les tâches qui prennent moins de 5min, cela permet d’alléger la charge mentale. Enfin, je m’octroie des vrais moments de pause et je fais du sport, c’est d’ailleurs souvent en courant que les meilleures idées me viennent !

Oui malheureusement. Face à certains investisseurs où j’ai pu entre des réflexions du type “Encore une femme qui monte une entreprise … de femmes”. Messieurs, si nous ne le faisons pas, qui le fera ? Et qui adressera nos besoins ? On parle de 51% du marché tout de même ! Les problématiques à résoudre sont nombreuses !

La place des femmes dans l’entrepreneuriat et la tech. Aujourd’hui je suis personnellement engagée dans l’association L-Impact qui a pour but d’accompagner les femmes entrepreneures à lever des fonds et d’encourager les jeunes filles à se tourner vers les filières scientifiques. Notre objectif : qu’il y ait plus de licornes fondées par des femmes !

En tant que déléguée de classe toute petite, pour défendre mes camarades !
Blague à part, lorsque j’étais étudiante j’ai animé un projet avec la fondation Raja dans le cadre de la COP21 sur l’impact du changement climatique sur les femmes. C’est la première fois que je me suis engagée pour la cause des femmes et que je suis intervenue publiquement sur le sujet. C’était une expérience formidable.

Je suis montée tout en haut d’une éolienne ! C’est l’une des expériences les plus fortes que j’ai vécues. C’était mon rêve de le faire, mais mon métier était déconnecté du terrain. Qu’à cela ne tienne, j’ai demandé à l’équipe de techniciens !

Un film à voir : “Flo”, le biopic de la navigatrice Florence Arthaud. Un parcours hors du commun qui donne envie de se dépasser et de prendre le large !
Un livre qui a changé ma vie : “Lean in” **de Sheryl Sandberg, l’ancienne directrice des opérations de Facebook. C’est un classique sur comment et pourquoi les femmes doivent prendre leur place à la table des décisions. Quand le livre est sorti en 2013, on parlait encore peu de la place des femmes dans la tech. J’ai vu ce livre comme un challenge : il y a peu de femmes ? Alors je vais y aller !
La série du moment : WeCrashed. L’histoire de WeWork et de son fondateur Adam Neumann. On y suit les débuts de Wework, la course à la levée de fonds, jusqu’à l’IPO ratée. Passionnant !

#5000VOICES est une initiative rendue possible grâce à nos partenaires Engie, Accor, La Fondation RAJA, Aurel Bgc, Veolia et Mastercard.