Ellen Kelly est la co-fondatrice de Savvy, une entreprise bancaire qui permet aux clients d’institutions financiĂšres d’investir de maniĂšre responsable. DiplĂŽmĂ©e d’un Master en DĂ©veloppement Durable et Innovation Sociale qu’elle obtient Ă HEC Paris, Ellen Kelly a souvent fait face au sexisme en entreprise et dans l’entreprenariat. Elle nous explique son parcours.
Suite Ă mon Bachelor en Irlande jâai rejoint une entreprise en Investment Banking puis ensuite une grande banque de dĂ©tail en Irlande en tant que stagiaire en trĂ©sorerie des marchĂ©s financiers. Je m’intĂ©resse beaucoup aux sujets de dĂ©veloppement durable et quand jâai rejoint l’Ă©quipe obligataire en tant que portfolio manager, jâai eu lâopportunitĂ© de mettre mon focus sur le portefeuille ESG. C’Ă©tait au tout dĂ©but des green bonds et la finance verte Ă©tait en pleine croissance.
AprĂšs deux ans en banque et la fin du confinement jâai dĂ©mĂ©nagĂ© Ă Paris pour faire un Master en DĂ©veloppement Durable et Innovation Sociale Ă HEC Paris. Câest lĂ que tout a changĂ©. Jâai rencontrĂ© mon co-fondateur et nous avons commencĂ© Ă travailler sur des solutions dâinvestissement responsable pour les particuliers. Savvy est nĂ©e. Nous avons travaillĂ© sur l’idĂ©e Ă cĂŽtĂ© des cours et en Juin 2022, aprĂšs notre diplĂŽmation , nous nous sommes lancĂ©s Ă plein temps. Savvy est une infrastructure bancaire Ă destination des institutions financiĂšres qui cherchent Ă livrer une offre digitale d’investissements responsables Ă leurs clients.
Cette annĂ©e, je souhaite m’appuyer sur les fondations mises en place en 2023. Il y aura sans aucun doute des hauts et des bas, mais le travail acharnĂ© et les itĂ©rations nĂ©cessaires pour construire Savvy ont Ă©tĂ© rĂ©alisĂ©s. Maintenant, j’espĂšre maintenir cet Ă©lan et avancer. Savvy a commencĂ© avec une orientation internationale, nous vendons aux banques Ă travers l’Europe. J’espĂšre continuer sur cette lancĂ©e et nous propulser au-delĂ d’une petite start-up, pour devenir une entreprise prise au sĂ©rieux dans le secteur financier.
Personnellement, je vais courir le Marathon de Paris en avril. Je suis Ă la fois trĂšs effrayĂ© et vraiment excitĂ©. Jusqu’Ă prĂ©sent, c’Ă©tait gĂ©nial d’avoir une distraction et une focalisation d’Ă©nergie en dehors du travail. J’ai eu la chance de trouver mes marques Ă Paris et de construire une communautĂ© de collĂšgues et d’amis. Je pense que cette annĂ©e, je pourrai profiter de la vie ici et de la communautĂ© Ă laquelle je me suis joint.
Ce dont je suis la plus fiĂšre : Savvy. Je suis fiĂšre de la valeur que nous avons crĂ©Ă©, de lâexpertise que je commence a avoir dans ce milieu et du stade dâavancement que nous avons pu atteindre avec une petite Ă©quipe. Jâai dĂ©mĂ©nagĂ© toute seule dans un autre pays (la France), dans une ville oĂč je ne connaissais quâune personne et deux ans plus tard jâai crĂ©Ă© un rĂ©seau professionnel pour lancer une startup. Câest quelque chose dont je suis trĂšs fiĂšre.
Je pense que la chose qui m’a le plus aidĂ©e dans tous mes rĂŽles câest le mentorat. Il nâest jamais trop tĂŽt pour trouver un ou plusieurs mentors. Et ces personnes peuvent changer au fil du temps et de tes besoins personnels. DĂšs mon premier stage jâai eu des mentors, jâai pu leurs poser des questions et apprendre non seulement sur mon poste mais aussi sur comment avancer dans l’industrie en gĂ©nĂ©rale. Mon expĂ©rience mâa montrĂ©e que les personnes plus seniors ont toujours eu la volontĂ© dâaider et de guider les plus juniors, Ă conditions que ces derniers en fassent la demande. Câest grĂące Ă ces mentors que jâai pu apprendre Ă mieux apprĂ©hender la politique de lâentreprise, tu peux naviguer la politique du bureau, les changements de postes, ou encore prendre conscience de mes points dâamĂ©lioration. Il est souvent difficile de se repĂ©rer au sein de grandes entreprises, mais les mentors offrent un accompagnement qui permet d’avoir des champions.
Aujourdâhui, dans mon rĂŽle de fondatrice, jâai plusieurs mentors qui m’aident sur diffĂ©rents sujets. Cela ne sâest pas formalisĂ© mais ce sont des personnes Ă qui je fais confiance pour ĂȘtre guidĂ©e dans lâindustrie. Ce sont des mentors qui me redonnent de la confiance quand jâen manque, Ă qui je peux poser des questions, et qui me championne autour dâeux.
L’indĂ©pendance me motive Ă©normĂ©ment. L’indĂ©pendance de choisir le style et rythme de travail que jâadopte. L’indĂ©pendance financiĂšre aussi, clairement. Au sein des plus grosses structures il existe une certaine capacitĂ© de contribuer Ă l’innovation, mais câest une capacitĂ© qui est souvent limitĂ©e, surtout pour les plus juniors. En tant quâentrepreneure, je peux avoir un impact plus grand, plus vite sur des sujets urgents comme l’accĂšs Ă lâinvestissement et la transition Ă©cologique. Jâai l’indĂ©pendance de prendre des dĂ©cisions importantes tout en gardant lâagilitĂ©. Cela a quand mĂȘme un cĂŽtĂ© nĂ©gatif, la fatigue mentale de devoir prendre des dĂ©cisions importantes en continu. Mais jusqu’Ă prĂ©sent, ça vaut la peine de continuer !
Cette indĂ©pendance me permet de garder le focus sur la crĂ©ation dââimpact dans le monde de lâinvestissement, vers la transition Ă©cologique. L’indĂ©pendance financiĂšre est une autre source de motivation, mais elle vient en deuxiĂšme car ce n’est pas un secret, lâentrepreneuriat ne paye pas trĂšs bien. Cela Ă©tant dit, je suis trĂšs fiĂšre de mon travail et de lâimpact que jâessaye dâavoir.
Ce qui me sert le plus câest de prendre soin de ma propre santĂ© physique et mentale avant tout le reste. Je suis mille fois plus productive si je fais rĂ©guliĂšrement du sport. RĂ©cemment jâai vraiment priorisĂ© le fait de courir avant le travail et jâai maintenant beaucoup plus d’Ă©nergie.
Je garde toujours le dĂ©but de matinĂ©e pour organiser ma journĂ©e et rĂ©pondre aux mails importants. Cela me donne un moment de calme pour prĂ©parer avant de commencer mes rendez- vous. Câest souvent Ă ces moments-lĂ et en fin de journĂ©e que je suis la plus productive. Par exemple, je mets souvent des calls aprĂšs le dĂ©jeuner car je suis moins productive en travail solo Ă ce moment-lĂ .
Jâai bien sĂ»r subi du sexisme dans mon travail, en entreprise et en tant quâentrepreneure. Dans mon expĂ©rience dans le monde de la finance il y a Ă©videmment du sexisme, mais dans mon cas, moins que ce que laissent penser les stĂ©rĂ©otypes.
Je pense que dans mon poste actuel, je fais l’expĂ©rience d’une forme de discrimination liĂ©e Ă l’Ăąge plutĂŽt qu’au sexe. Cependant, lorsque j’ai prĂ©cĂ©demment rejoint une banque en tant que diplĂŽmĂ©e, on m’a rappelĂ© Ă plusieurs reprises qu’il y avait un quota pour l’embauche des femmes et que certaines personnes Ă©taient trĂšs mĂ©contentes Ă ce sujet. Cela a certainement affectĂ© ma confiance en moi.
En tant qu’entrepreneure, j’ai eu quelques situations de sexisme avec des VCs, mais pas beaucoup. Moins de 2 % des financements des VC en Europe vont vers des entreprises fondĂ©es par des femmes. Je pense que cela montre clairement qu’il s’agit d’un problĂšme systĂ©mique et non pas aussi simple qu’un VC dĂ©clarant “Je ne vais pas investir dans les femmes”.
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