La chanteuse tunisienne Nermine Sfar a déclaré sur les réseaux sociaux « Je vais faire congeler mes ovocytes », brisant les tabous et déclenchant un débat dans le pays.
La levée d’un tabou
Nermine Sfar, 31 ans, a conseillé aux femmes célibataires ou qui ne veulent pas d’enfants pour l’instant de faire congeler leurs ovocytes afin de pouvoir en profiter plus tard et que ces femmes « réalisent un jour leur rêve d’être mère ». La conservation d’ovocyte consiste en une légère opération où l’on prélève les ovules, puis on les congèle et on les stocke dans de l’azote afin qu’ils restent viables pour une grossesse tardive.
En Tunisie, la procédure n’est autorisée que pour les femmes « soumises à un traitement ou qui se préparent à subir un acte pouvant affecter leur capacité à procréer », ce qui n’est pas le cas de la chanteuse.
Le sujet est compliqué dans le pays et si certains le considère comme secondaire, il est pour beaucoup un sujet essentiel qui confirmerait la place pionnière de la Tunisie concernant les droits des femmes dans le monde arabe.
Yosra Frawes, féministe tunisienne félicite Nermine Sfar qui a « démocratisé un sujet rarement évoqué par le passé en Tunisie, car la société civile était préoccupée par d’autres questions » et rappelle « Grâce aux réseaux sociaux, il y a une libération de la parole, des sujets qui étaient tabous sont démocratiquement débattus ».
La congélation d’ovocytes, une pratique de plus en plus courante
Pourtant, de plus en plus de femmes souhaitent faire congeler leurs ovocytes dans le pays. Dr Fethi Zhiwa, chef de l’Unité de fécondation in vitro à l’hôpital Aziza Othmana à Tunis, spécialisée dans la congélation des gamètes rapporte « Il y a une demande pressante de jeunes femmes célibataires, pratiquement tous les jours ». Selon lui, cette augmentation des demandes s’explique par le « décalage entre l’âge biologique qui commande l’âge de la reproduction et l’âge sociétal qui commande l’évolution des carrières ».
Il rapporte que la congélation d’ovocyte représente 15% de son activité et que 80% des patientes sont des femmes célibataires.
Le docteur a participé à l’élaboration de la loi en 2001, pour lui, celle-ci est victime de sa précocité, elle était en effet très en avance par rapport à ses pays voisins. La révision de cette loi nécessiterait « une volonté politique, surtout que nous avons l’aval des religieux » explique-t-il.