Meta, Snapchat, TikTok, Twitch, YouTube et X… Aurore Bergé, ministre déléguée chargée de l’Égalité entre les femmes et les hommes, convoque ce lundi 2 juin les principaux acteurs du numérique pour leur demander des comptes sur la prolifération de contenus haineux, racistes et violents visant les femmes.
AD Laurent, Alex Hitchens, Nasdas… La ministre dénonce les agissements d’influenceurs qui promeuvent la violence et le sexisme en ligne, accessibles aux mineurs.
Une convocation inédite : « Je veux qu’ils prennent leurs responsabilités »
Les géants du numérique sont attendus ce lundi 2 juin au ministère de l’Égalité entre les femmes et les hommes. Meta, Snapchat, TikTok, YouTube, Twitch et X doivent répondre de leur rôle dans la diffusion de contenus violents et de discours de haine. À leurs côtés, des représentants de l’ARCOM (Autorité de régulation de la communication audiovisuelle et numérique), de la Direction générale de la police nationale (DGPN) et de la plateforme Pharos, chargée du signalement des contenus illicites, sont également présents.
Cette initiative fait suite à de nombreux signalements, mais aussi à l’exaspération croissante des pouvoirs publics. « Je veux qu’ils prennent leurs responsabilités », déclare Aurore Bergé.
AD Laurent, Alex Hitchens, Nasdas… : des influenceurs qui promeuvent la violence et le sexisme
Nasdas, l’influenceur le plus suivi d’Europe sur Snapchat avec 9 millions d’abonnés, a été pointé du doigt pour plusieurs contenus problématiques. Dans certaines vidéos, il demande à ses abonnées de diffuser leurs coordonnées bancaires. Il fait également la promotion de la pédophilie à travers une relation entre un homme majeur et une jeune fille mineure. Dans un snap, il commente la tenue d’une jeune fille qu’il juge « transparente ». Son petit ami jette alors violemment son téléphone sur elle. Dans une autre scène, un membre de la « Team Nasdas » s’adresse à Assia, qui porte une perruque : « Perruque pute. Wallah t’es une perruque pute », avant de lui arracher violemment la perruque et de la jeter au sol.
AD Laurent, récemment banni pour « violations de plusieurs règles de la communauté notamment lors de vidéos diffusées en live et plus précisément de la catégorie interdisant les services ou activités à caractère sexuel », est néanmoins parvenu à réapparaître sur d’autres réseaux. Sur Snapchat et Instagram, le 27 mai 2025, on le voit entouré de mineurs venus lui offrir des chocolats, assister aux coulisses d’un tournage pornographique avec une actrice filmée par son mari, ou encore partager un lien pour rejoindre son canal Telegram afin de visionner cette vidéo. Sur Instagram, il montre une jeune femme en petite tenue, remuant ses fesses au sol.
Alex Hitchens, suivi par plus de 652 000 abonnés sur TikTok, est connu pour ses propos polémiques à caractère sexiste. Le 21 août 2023, il déclare : « Qu’est-ce qui pourrait te pousser à porter une robe moulante pour sortir avec tes amis au restaurant si ce n’est attirer le regard des gens et te sentir du coup, désirée ? […] Si t’as envie de mettre ta robe je vais te conseiller d’aller mettre un pantalon […] et tu mettras la robe lorsque tu sors avec moi », imposant ainsi ses propres règles sur l’apparence d’une femme. Le 19 septembre 2023, il affirme : « Moi je trouve ça normal qu’une femme gagne moins qu’un homme à poste égal », justifiant les inégalités salariales. Le 21 avril 2024, sur YouTube, il réagit au récit d’une agression en disant : « Une femme après 22 heures, qu’est-ce qu’elle fout dehors ? », renvoyant ainsi la responsabilité à la victime. Enfin, le 19 mars 2025, il déclare : « Peut-être que tu aimes une femme et peut-être que c’est une pute. Si c’est une putain de pute tu dois la quitter. »
Aurore Bergé met aussi en cause le rôle joué par ces influenceurs : « Ils perçoivent de l’argent de la part des plateformes et rapportent de l’argent aussi aux plateformes. » À travers eux, c’est la logique même de monétisation des contenus qui est interrogée. La ministre souligne que les réseaux sociaux ne peuvent plus prétendre à la neutralité : « Les gérants des réseaux sociaux ont aussi cette responsabilité éditoriale. »
La puissance des algorithmes pointée du doigt
Pour la ministre, les réseaux sociaux, « significativement TikTok, Snapchat », ont une part de responsabilité dans la prolifération des violences. Elle dénonce le rôle central des algorithmes :
« Les plateformes s’exonèrent en permanence de toute responsabilité en disant que la responsabilité appartient à ceux qui publient. Sauf que les gens ne choisissent pas forcément ce qu’ils regardent sur les réseaux sociaux (…) La puissance des algorithmes fait qu’on nous propose des contenus sans même qu’on ait besoin de les chercher. »
En d’autres termes, ces contenus ne se propagent pas par hasard, mais sont amplifiés par des systèmes qui favorisent l’engagement… y compris sur des publications haineuses ou violentes.