Imran Khan, le Premier ministre pakistanais provoque une forte polémique auprès des organisations de défense des droits des femmes, en affirmant que les victimes de viols étaient « très peu vêtues ». Un rapprochement jugé « dangereusement simpliste » par une dizaine d’ONG, dont la Commission pakistanaise des droits humains, organe indépendant, qui a réclamé des excuses.
Lors d’une interview télévisée, l’ex-champion de cricket a établi un lien entre le comportement des hommes et la tenue vestimentaire des femmes : « Si une femme est très peu vêtue, cela produira un effet sur les hommes à moins qu’ils ne soient des robots. C’est une question de bon sens », a-t-il déclaré, interrogé sur la vague de violences sexuelles et de viols qui sévit au Pakistan.
Ces propos « ne font que renforcer l’opinion générale selon laquelle les femmes sont des victimes « conscientes » et les hommes des agresseurs « démunis », ont estimé ces organisations.
« Je frémis à l’idée que bien des violeurs se sentent cautionnés aujourd’hui », a par ailleurs tweeté Kanwal Ahmed, membre d’une organisation de défense des droits des femmes.
Début avril, Imran Khan avait déjà provoqué un tollé pour avoir établi ce même lien entre viol et tenue vestimentaire des femmes, spécifiant que d’après lui, les femmes se voilent dans l’islam pour se soustraire à la tentation.
Les victimes de viols au Pakistan étant souvent considérées avec suspicion, les plaintes pour agression sexuelle y sont rarement suivies d’enquêtes sérieuses. Une grande partie du pays vit de fait sous un système patriarcal fondé sur la notion d' »honneur », qui systématise l’oppression des femmes.
Néanmoins, la contestation grimpe face au traitement des cas d’abus sexuels : en 2020, des manifestations massives avaient eu lieu après le viol d’une mère en présence de ses enfants —laquelle s’était retrouvée à court de carburant sur une route, un policier lui ayant ainsi reproché de conduire seule la nuit sans son conjoint.