Chine : absence quasi-totale des femmes au pouvoir

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La rédaction

La moitié de la population en Chine se compose de femmes, pourtant, les métiers de haut pouvoir ne leur sont toujours pas accessibles. Le remaniement au sommet du Parti communiste, qui s’est récemment déroulé, n’a pas changé la donne.

Le pouvoir aux hommes

La situation s’aggrave, pour la première fois en 25 ans, aucune femme n’est présente parmi les 24 membres de l’instance de décision du Parti communiste chinois (PCC). 

Seulement 11 femmes sur 205 membres sont actuellement présentes au Comité central, soit 4,9%, contre 5,4% avant le remaniement.

Le comité permanent, composé de sept hommes détenant les rênes du pouvoir reste inchangé.

Neican Chine, la lettre d’information dévoile tristement : “Les femmes continuent d’être fortement sous-représentées au sommet de la politique chinoise”, “Pour mémoire, les femmes représentent 48,8% de la population chinoise et 29,4% des membres du parti communiste”.

“L’engagement du Parti communiste chinois envers les droits des femmes est plus un engagement pour améliorer leurs droits économiques”, affirme Minglu Chen, professeure à l’université de Sydney.

L’objectif est “que les femmes rejoignent le monde du travail”, continue-t-elle.

Malheureusement, dans une société autant conservatrice, le pas est difficile à franchir : “Beaucoup de femmes disent avoir du mal à combiner les rôles de bonne mère, épouse et employée », dévoile la professeure.

Afin de progresser dans leur carrière, particulièrement en politique, les femmes sont soumises à des réceptions arrosées, avec une ambiance quasi totalement masculine.

En 2001, la Chine a mis en place un système de quotas, obligeant la présence d’une femme minimum à chaque niveau du gouvernement et du parti, excepté au Bureau politique. Ce quota n’est pas réellement respecté, à cause du manque de contrôle.

Selon Mme Chen, “si un meilleur système de quotas avait été mis en place et strictement appliqué, alors on commencerait à en voir les fruits”, la situation actuelle “est aussi le résultat de la domination d’un seul parti”.

Le Bureau politique du PCC n’a compté depuis 1948, que huit femmes, dont seulement trois au poste de vice-Première ministre.

Quelques exceptions

Sun Chunlan (72 ans), actuellement retraitée, était jusque-là la seule femme au sein du Bureau politique.

Ancienne cheffe du parti dans la province côtière du Fujian et de la ville de Tianjin, proche de Pékin, elle était surnommée la “Dame de fer”, par rapport aux mesures strictes qu’elle donnait.

Vice-Première ministre en charge des politiques sanitaires, elle inspectait régulièrement les villes faisant face à des rebonds épidémiques.

Sun Chunlan était une exception dans le système politique chinois, qui est marqué par une forte masculinité. Selon certains analystes, cette atmosphère sexiste a souvent bloqué de prometteuses carrières.

Les médias et observateurs avaient espoir que la vice-Première ministre soit remplacé par une autre femme. Soit par Shen Yiqin, cheffe du parti dans la province du Guizhou, soit par Shen Yueyue, dirigeante de la Fédération des femmes chinoises.

Xi Jinping est, elle aussi un exemple de la difficulté des femmes à faire carrière dans la politique chinoise.

Victor Shih, professeur de sciences politiques à l’Université de Californie de San Diego, analyse que “La plupart des anciens collègues masculins de Xi, dans les provinces du Zhejiang et du Fujian, font désormais partie du Bureau politique”.

“Pourtant, aucune de ses ex-collègues femmes n’a réussi à entrer au Bureau politique, ni même à obtenir des postes de direction au niveau provincial”, dévoile l’universitaire.

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