Tariq Ramadan accusé de viol : un tribunal suisse acquitte l’islamologue

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Accusé d’avoir violé une femme à Genève en 2008, l’islamologue Tariq Ramadan a été acquitté par un tribunal suisse. Il est toujours poursuivi en France pour plusieurs viols. Retour sur plusieurs années de poursuites judiciaires.

Début des poursuites en France

En octobre 2017, Henda Ayari porte plainte contre Tariq Ramadan, âgé de 60 ans aujourd’hui, pour « des faits de viol, d’agressions sexuelles, violences volontaires, harcèlement, intimidation » remontant à 2012. Le 24 octobre, une enquête est ouverte à Paris pour « viol, agression sexuelle, violences et menaces de mort ».  Le 26, une nouvelle plainte pour viol est déposée à Paris par une femme surnommée « Christelle » par les médias, pour des faits qui se seraient déroulés en 2009 à Lyon. L’accusé dénonce une « campagne de calomnie » sur les réseaux sociaux.

En , il est mis en examen pour « viol » et « viol sur personne vulnérable » et placé en détention provisoire en France ; il reconnaît des relations sexuelles extraconjugales avec les plaignantes mais affirme qu’elles étaient consentantes. En mars, une ancienne escort-girl, Mounia Rabbouj, affirme à son tour avoir subi plusieurs viols entre 2013 et 2014.

Dépôt d’une plainte en Suisse

Le 13 avril 2018, la Tribune de Genève révèle qu’une quatrième femme a déposé une plainte, en Suisse. La plaignante affirme qu’il l’a soumise à des actes sexuels brutaux accompagnés de coups et d’insultes, le soir du 28 octobre 2008, dans une chambre d’hôtel à Genève.

En septembre, la presse suisse révèle qu’une enquête pour viol est ouverte à Genève. Des SMS de 2009 exhumés du téléphone de Christelle contredisent l’intellectuel musulman lorsqu’il nie toute relation sexuelle avec les deux premières plaignantes. Le 22 octobre, il reconnaît avoir eu des relations sexuelles, « consenties » selon lui, avec ces deux femmes.

Remis en liberté sous contrôle judiciaire le 15 novembre 2018, Tariq Ramadan reste en examen. L’analyse par les enquêteurs de son abondante correspondance électronique avec Henda Ayari et Christelle fragilise, selon sa défense, les témoignages de ces dernières. Pour les parties civiles cependant, ces échanges confirment l' »emprise » que l’islamologue exerçait sur elles. Le 14 mars 2019, la cour d’appel de Paris refuse de lever ses deux mises en examen.

L’islamologue est mis en examen en février 2020 pour les viols de deux autres femmes, et en octobre pour viols commis sur Mounia Rabbouj.

Procès requis à Paris

Le 12 juillet 2022, le parquet de Paris requiert que Tariq Ramadan soit jugé aux assises pour des viols commis entre 2009 et 2016 sur quatre femmes, dont Henda Ayari, « Christelle » et Mounia Rabbouj. Selon l’accusation, les plaignantes « se trouvaient toutes sous emprise (…), au regard de l’admiration voire de la vénération qu'(il) exerçait sur elles ». En 2023 la cour d’appel de Paris valide les expertises psychiatriques sur cette « emprise ». La défense forme un pourvoi en cassation.

Acquitté à Genève

Tariq Ramadan est jugé du 15 au 17 mai en correctionnelle à Genève, accusé de « viol et contrainte sexuelle » par la plaignante suisse, dite « Brigitte », faits remontant à 2008 et qu’il conteste.  Le 24 mai, l’islamologue est acquitté par le tribunal suisse, qui a jugé qu’il n’y avait pas de preuve contre lui. « Le tribunal n’a pas été en mesure de se forger une intime conviction au-delà du doute insurmontable. ». Ramadan recevra par ailleurs environ 151 000 francs suisses (environ 154 400 euros) d’indemnités de l’État de Genève.

La partie plaignante a annoncé faire appel.

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