Qui est Claire Geronimi, victime de viol, engagée en politique dont l’agresseur présumé est jugé à Paris ?

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Loïs Boumal

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Depuis mercredi 24 septembre, la cour criminelle de Paris juge Jordy G., un Centrafricain de 27 ans accusé d’avoir violé Claire Geronimi et une autre femme, Mathilde, à Paris en novembre 2023. Déjà condamné à 11 reprises, visé par plusieurs OQTF non exécutées, il encourt vingt ans de réclusion criminelle. Trois jours après l’ouverture du procès, la jeune femme de 28 ans, vice-présidente de l’UDR, s’impose comme une voix politique, tout en affrontant une épreuve personnelle.

Le profil violent de l’accusé sous OQTF

Le 11 novembre 2023, Claire Geronimi est violée dans le hall de son immeuble, en plein après-midi. Son agresseur présumé, Jordy G., multirécidiviste déjà condamné onze fois et visé par plusieurs OQTF non exécutées, encourt vingt ans de réclusion criminelle.

Dès les semaines suivant son agression, la jeune consultante est devenue un visage familier des plateaux télévisés. Invitée de TPMP, CNews, BFMTV ou RMC, son témoignage est repris en boucle. « Le problème c’est que la gauche comme la droite ont utilisé mon histoire pour se taper dessus et moi j’étais entre les deux », regrettait-elle auprès d’Arrêt sur Images.

Son cas alimente alors le débat politique sur l’immigration et les OQTF, tandis qu’elle-même tente d’imposer un autre discours. Sur X, à la veille du procès, elle écrivait :

« Je suis très stressée de (le) revoir. Pour moi, une victime ne peut pas se reconstruire tant qu’il n’y a pas eu justice. J’attends que la peine soit exemplaire », confie aujourd’hui Claire Geronimi. L’affaire avait ravivé le débat national sur la non-exécution des OQTF, dans un climat politique déjà tendu autour de la loi Immigration.

« Si les politiques publiques qu’on espère mener étaient vraiment appliquées, ne se heurtaient pas à la réalité, cet homme ne serait pas en France, ne serait pas dans son hall d’entrée et ne l’aurait pas violée », a affirmé Marlène Schiappa, ancienne ministre, au micro de BFMTV.

Mathilde, une autre femme a également été agressée par le même homme. Restée plus discrète médiatiquement, elle déclarait en janvier 2024 : « Pour moi, le combat a dévié. Le vrai problème, c’est le viol. Ce n’est pas l’immigration. Aujourd’hui, on peut encore mourir parce qu’on naît femme ».

Claire Geronimi : de victime à actrice politique

De son expérience, Claire Geronimi tire d’abord une volonté d’aider les victimes. Elle fonde l’association Éclats de femme, qui propose un accompagnement « du dépôt de plainte au procès » et des cours de self-défense. Mais très vite, elle considère que son combat doit prendre une dimension politique.

« Ce que j’ai subi, c’est une double peine. Agressée une première fois par un criminel, et une seconde fois par un État qui a manqué à son devoir. Cette personne ne devait pas être sur ce territoire », déclare-t-elle dans le JDD.

Elle rejoint alors l’Union de la Droite Républicaine (UDR) d’Éric Ciotti, dont elle devient vice-présidente. Avec la députée Christelle D’Intorni, elle défend une proposition de loi visant à rendre l’État responsable quand une victime est agressée par un individu sous OQTF. « Très vite, j’ai compris que l’engagement social ne suffisait pas. Il fallait aussi un engagement politique », affirme-t-elle.

Le témoigange glaçant de Jordi G. : « Ce jour-là, on m’a soufflé dans l’oreille, j’étais en mission »

Malgré sa trajectoire politique, Claire Geronimi insiste : le procès reste avant tout une étape personnelle. « Là, il n’est pas question d’engagement politique (…) L’engagement viendra après. S’il doit y avoir action politique, ça se fera après le procès. »

À la barre, elle soutient sans fléchir le regard de son agresseur. Longuement interrogé, Jordi G. tente d’expliquer ses actes d’une manière qui laisse la cour stupéfaite. « Ce jour-là, on m’a soufflé dans l’oreille, j’étais en mission », affirme-t-il, vêtu d’un simple bas de survêtement. Pourtant, aucun médecin entendu à l’audience n’a relevé la moindre pathologie mentale qui aurait pu altérer son discernement.

Face à lui, Claire et Mathilde, l’autre victime, ne détournent pas les yeux. L’accusé mime ses gestes, décrivant comment il plaquait une main sur la bouche de ses proies tout en pointant une lame contre leur gorge. Quand les deux jeunes femmes expliquent avoir cru mourir ce 11 novembre 2023, il lâche un froid « C’est leur sentiment ». « Aucun remord et aucune compassion », analyse Me Romain Vanni, avocat de Claire Geronimi. « Les mots qu’il a employés démontraient qu’il n’avait aucun regret véritable. C’est quelqu’un qui est dans la toute-puissance, qui veut avoir le dernier mot et avoir raison. »

Un sentiment renforcé par ses gestes. Lors des plaidoiries des parties civiles, il coupe la parole aux avocats, retire sa chemise pour rester en t-shirt, puis se frappe les bras pour exhiber ses muscles. « Taisez-vous, monsieur », le rappelle sèchement à l’ordre le président de la cour.

Tout au long des débats, son attitude oscille entre déni et détails glaçants. Il dit avoir été « guidé par des voix », s’être senti « envoûté », avant de reconnaître avoir observé les lieux et préparé son geste. Ces contradictions, mêlées à une absence totale d’empathie, confortent l’impression d’un homme « dans la toute-puissance », selon les parties civiles.

Deux ans après les faits, Claire Geronimi assume une double identité : celle d’une victime en quête de reconstruction, et celle d’une femme qui a choisi de transformer son traumatisme en combat politique. « Deux ans se sont écoulés et j’ai parcouru un long chemin — et malgré cela je ne peux m’empêcher de demander : pourquoi moi ? Pourquoi ai-je survécu ? »

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