Alors que la Coupe du monde féminine débute jeudi 20 juillet, le montant des primes que vont toucher les participantes a été augmenté par rapport aux derniers tournois. La Fifa a annoncé une dotation record de 135 millions d’euros environ. C’est trois fois plus qu’en 2019 et dix fois plus qu’en 2015.
L’a Fifa va assurer une rémunération directe aux joueuses prenant part au tournoi. Concrètement, chacune des 736 joueuses engagées touchera au moins 30 000 dollars. Les footballeuses éliminées en poules recevront 26.700 euros chacune. Ce montant sera ensuite graduel : 53.500 euros pour les huitièmes de finaliste, 80.000 euros pour les quarts de finaliste. Les perdantes de la petite finale toucheront 147.000 euros, et les gagnantes 160.000 euros. Les membres de l’équipe qui gagnera la Coupe du monde 2023 percevront 240.000 euros, suivies par les vice-championnes qui recevront environ 182.000 euros.
« Je suis tellement fière de faire partie de ce changement. J’ai vu le foot féminin aller de zéro à cent », a réagi la défenseure australienne Ellie Carpenter. « Mais je pense que ce n’est que le premier pas, la route est encore longue comparée aux hommes. J’espère que l’on pourra construire à partir de cela ».
Les joueuses françaises bénéficient également d’une aide de quelques milliers d’euros de la FFF pour faire venir leurs proches en Océanie.
Des inégalités et des cagnottes
Malgré des dotations historiquement élevées, le Mondial féminin est devenu le terrain des inégalités de traitement entre les grandes nations et les plus petites. Les pays européens et nord-américains, très à l’aise financièrement, feront face, en Australie et en Nouvelle-Zélande, à des sélections qui doivent parfois aller jusqu’à lancer des appels aux dons pour financer leur voyage.
Les « Reggae Girlz » jamaïcaines ont dénoncé « l’extrême désorganisation » de leur sélection après avoir dû renoncer à plusieurs matches ces derniers mois pour raisons logistiques. La mère d’Havana Solaun, milieu de terrain jamaïcaine, a même lancé une cagnotte en ligne pour couvrir les frais du camp de base de l’équipe, amassant près de 50.000 dollars à la mi-juillet.
D’autres crises au niveau international
La sélection nigériane semble elle aussi en crise : le sélectionneur Randy Waldrum a critiqué les conditions de préparation du tournoi, regrettant l’annulation par la Fédération d’un camp d’entraînement. Ses joueuses avaient également dû boycotter des entraînements en pleine Coupe d’Afrique en 2022 pour obtenir le paiement de leurs primes.
L’équipe d’Afrique du Sud, elle, a été forcée de boycotter son match de préparation contre le Botswana (le 2 juillet), après avoir reçu des contrats qui n’incluaient pas la dotation individuelle de 30.000 dollars promise par la Fifa. « La Fédération peut penser qu’elle fait assez, mais j’ai une autre opinion », a expliqué l’attaquante Jermaine Seoposenwe.
« C’est exaspérant », s’est alarmée récemment la joueuse Américaine Megan Rapinoe, symbole de cette lutte pour l’égalité. « Ça ne devrait pas être comme ça. Mais je pense que cela va de mieux en mieux. Je pense qu’il y a de plus en plus de moyens sur lesquels ces équipes peuvent s’appuyer ».
Les Canadiennes ont menacé de faire grève pour obtenir plus de moyens et plusieurs Françaises se sont retirées de la sélection jusqu’à obtenir le limogeage de leur sélectionneuse Corinne Diace dont elles dénonçaient le management.
Et l’Espagne se présente au Mondial sans une douzaine de « rebelles » qui critiquent depuis longtemps les méthodes du sélectionneur Jorge Vilda, en vain.