L’avocat de la famille de Lindsay, une adolescente de 13 ans qui s’est suicidée après avoir été victime de harcèlement scolaire, a dévoilé que trois plaintes ont été déposées pour « non-assistance à personne en péril ».
« Si chacun avait fait son travail pour protéger Lindsay, elle serait vivante »
Ces trois dépôts de plaintes visent la direction du collège, l’académie de Lille et les policiers en charge de l’enquête. Une quatrième plainte contre Facebook, qu’ils accusent d’être « complètement défaillant » en matière de modération des contenus et de lutte contre les propos haineux.
Le procureur de la République de Béthune, a annoncé que quatre mineurs ont déjà été mis en examen pour « harcèlement scolaire ayant conduit au suicide » dans le cadre de cette affaire, et une personne majeure pour « menaces de mort ». Toutes ont été placées sous contrôle judiciaire.
Me Pierre Debuisson, a mis en avant lors d’une conférence de presse à Vendin-le-Vieil (Pas-de-Calais), : « Si chacun avait fait son travail pour protéger Lindsay, elle serait vivante aujourd’hui ». L’avocat a également lu une lettre écrite par la jeune fille quelques mois avant son suicide a été communiqué à l’académie, au collège et à la police.
« Si vous lisez cette lettre c’est que je suis sûrement partie (…) je n’en pouvais plus des insultes matin et soir, des moqueries, des menaces (…) malgré tout ce qui s’est passé elles me voudront toujours du mal », y avait écrit l’adolescente.
La mère de Lindsay a déploré le manque de soutien qu’ils ont reçu : « Si on avait été aidés, si on avait été soutenus, je suis sûre que ma fille serait parmi nous », « J’ai tout essayé, j’ai tout fait, on n’a pas été aidés, on a été lâchés, complètement, aucun soutien, ni avant, ni pendant, ni après ».
La mère de Maëlys, la meilleure amie de Lyndsey, a expliqué que le harcèlement continu contre Maëlys . »On lui demande pourquoi elle n’a pas été là pour sa copine » et qu’elle « ferait mieux d’aller la rejoindre », explique-t-elle. « J’ai fait plusieurs fois appel au collège, le CPE (conseiller principal d’éducation) n’en avait rien à faire », a également dévoilé la mère d’Océane, une autre amie de Lindsay.
« échec collectif »
Sur BFMTV. Le ministre de l’Éducation nationale, qui a placé la lutte contre le harcèlement scolaire comme l’une de ses priorités, a qualifié le suicide de Lindsay d' »échec collectif » et d’une tragédie pour ses proches, pour l’Éducation nationale ainsi que pour le pays. Le rectorat de Lille a ouvert une enquête administrative reconnaissant que les services scolaires auraient pu « aller plus loin dans le suivi » de l’adolescente.
Jean-Roger Ribaud, directeur académique dans le Pas-de-Calais a affirmé : « On a déclenché le protocole » après le signalement du harcèlement, « Mais ça s’est avéré malheureusement insuffisant ».
« Nous adressons nos plus sincères condoléances à la famille de Lindsay et à ses proches. Nous ne tolérons pas l’intimidation et le harcèlement sur nos plateformes et continuons à prendre des mesures contre les contenus et les comptes qui enfreignent nos règles lorsque nous en avons connaissance », a dévoilé un porte-parole de Meta, la maison mère de Facebook dans une déclaration envoyée à l’AFP.
En France, des dispositifs de prévention du harcèlement scolaire existent, comme le programme pHARe expérimenté depuis 2019 dans six académies ainsi que des numéros d’aide d’urgence pour les victimes tels que le 3020 (pour familles et victimes), et le 3018 (cyberharcèlement).