De plus en plus de femmes cèdent à l’attrait des injections esthétiques d’acide hyaluronique. A cause du prix ou des délais, nombreuses sont celles qui se tournent vers les injections clandestines réalisées par des charlatans.
Des actes médicaux très dangereux
Les gels d’acides hyaluronique, qui permettent de donner du volume, sont moins lourdes que les opérations de chirurgie esthétique. Elles permettent de corriger ou de modifier son apparence.
Lorsque ces produits sont injectés par des médecins, ils sont sans danger ou presque, Malheureusement, de plus en plus de femmes décident de recevoir ces injections clandestinement. Ces injections clandestines présentent de nombreux dangers. Adel Louafi, président du Syndicat national de chirurgie plastique, alerte sur ces dangers « Il y a d’abord les risques d’infections et d’hématomes ». Il évoque également des risques de nécroses, menant à des amputations, d’AVC, de perte de la vue.
Si le produit est une contrefaçon, les risques se multiplient, « Comme (les injectrices) ne sont pas médecins, elles n’ont pas accès officiellement aux réseaux de revente de ces produits, donc elles se fournissent sur internet, et là on a des vrais produits ou des contrefaçons » alerte le médecin.
Une femme anonyme, témoigne de son expérience avec des injections clandestines. Elle rapporte avoir contacté une femme sur instagram et avoir été reçue dans un appartement parisien. L’opération a très mal tourné, « Au total, on m’a enlevé trois abcès jusqu’en octobre, trois autres se sont résorbés avec les antibiotiques. Ces infections ont été créées par un staphylocoque doré. J’ai été sous antibiotiques pendant quasiment cinq mois. Et une infirmière venait tous les soirs pour mécher les cavités » raconte elle. Elle a finalement porté plainte contre la femme qui lui a injecté les produits.
Les jeunes femmes sont de plus en plus tentées
Selon Valentin Chabbi, médecin esthétique, la demande augmente depuis le début de la pandémie. « La période est plus anxiogène, les gens ont besoin de prendre soin d’eux. Et face à la difficulté de répondre rapidement à la demande, vu qu’on n’est pas nombreux, certaines se tournent vers l’illégalité ».
Cette croissance est encouragée par les réseaux sociaux car les plus jeunes veulent ressembler à des modèles inaccessibles. « C’est la mode d’avoir des grosses lèvres. Mais les filles qui suivent ces influenceuses sont jeunes et n’ont pas beaucoup d’argent. Du coup, elles vont chez ces injectrices qui font des prix compétitifs » témoigne Luna Skye, une jeune femme ayant reçu des injections clandestines.
En effet, le prix de ces injections est bien en dessous de la moyenne du marché, la jeune femme a reçu 80 doses d’acide hyaluronique pour 7500, ces injections lui auraient coûtés le double dans un cabinet médical.
Différents profils d’ « injecteurs »
Les personnes qui réalisent ces injections répondent généralement à deux profils.
Le commissaire William Hippert rapporte les deux types de femmes auxquels il est confronté dans ce genre de dossier « On a eu plusieurs affaires avec des jeunes femmes russes, qui s’étaient déplacées en France et avaient monté des cliniques clandestines, bien souvent un local ou un appartement loué pour proposer ces prestations », « Elles sont mobiles, elles ne restent pas forcément en France. Elles font un *botox tour* et repartent pour un autre circuit ».
Certaines femmes profitent également de cette activité pour lancer un business indépendant « des jeunes femmes qui se lancent dans une activité indépendante, parfois des esthéticiennes qui peuvent travailler dans un salon et, à côté de cette activité voire au sein du salon, vont proposer des injections » témoigne le commissaire.
Luna Skye, affirme avoir été piquée par un médecin mais sans aucun respect des règles sanitaires, elle aurait contracté un staphylocoque doré ainsi qu’une septicémie à la suite de cet acte médical clandestin.