Donald Trump signe une loi fédérale inédite contre le « revenge porn » et les faux contenus sexuels générés par intelligence artificielle. Une avancée saluée par des mères de victimes, mais critiquée pour son flou juridique.
Une première loi fédérale contre les montages sexuels
Lundi, Donald Trump promulgue le Take It Down Act, une loi fédérale inédite criminalisant la diffusion d’images sexuelles non consenties – qu’elles soient réelles ou générées par intelligence artificielle. Soutenu par les deux partis et défendu par Melania Trump, ce texte vise à combler un vide juridique majeur aux États-Unis. Jusqu’ici, seules quelques juridictions comme la Californie ou la Floride punissaient la création et le partage de ces contenus à caractère sexuel.
« Il s’agira de la toute première loi fédérale visant à lutter contre la diffusion d’images explicites et fictives sans le consentement de la personne », se félicite le président. Selon le texte, toute personne diffusant intentionnellement de telles images pourra encourir jusqu’à trois ans de prison.
Un délai de 48 heures imposé aux plateformes
Au-delà des auteurs directs, les plateformes numériques sont aussi concernées. Sites internet et réseaux sociaux ont désormais 48 heures pour retirer une image signalée comme non consentie, sous peine de poursuites civiles. Une disposition inédite qui place la responsabilité du retrait sur les hébergeurs de contenus.
« Cela donne enfin une arme légale aux victimes et à leurs familles », témoigne Dorota Mani, mère d’une adolescente visée par des deepfakes. Pour elle, cette loi représente une avancée concrète après des mois d’impuissance face à des plateformes inertes.
Le calvaire de jeunes filles victimes de deepfakes
Mobilisée sur le sujet, la Première dame organise une rencontre à la Maison Blanche avec plusieurs adolescentes victimes de contenus sexuels fabriqués par intelligence artificielle. Parmi elles, une lycéenne texane bouleversée après avoir découvert fin 2023 des deepfakes explicites la représentant, ainsi que plusieurs de ses camarades. Ces montages hyperréalistes, créés sans leur consentement par un élève de leur collège, ont été diffusés sur Snapchat.
Face au choc, les jeunes filles s’effondrent. « Les filles ne faisaient que pleurer, et pleurer à ne plus en finir, elles avaient honte », confie leur mère, Anna Berry McAdams, à l’AFP. Elle redoute l’impact à long terme : « Cela pourrait les affecter toute leur vie », alerte-t-elle, dénonçant l’impuissance des victimes face à ces atteintes et l’absence de recours efficaces.
Un encadrement salué, mais encore critiqué
La loi est globalement saluée, mais certaines voix s’élèvent pour dénoncer un texte encore flou. « Son efficacité dépendra d’une mise en œuvre rigoureuse et de sanctions réelles », estime Renée Cummings, experte en IA à l’Université de Virginie. Elle insiste sur la nécessité d’adapter la législation aux menaces numériques en constante évolution.
L’Electronic Frontier Foundation (EFF), qui défend les libertés numériques, met en garde : « Si la protection des victimes est un but légitime, les bonnes intentions ne suffisent pas. Les définitions trop vagues et l’absence de garde-fous pourraient mener à la censure. »
Alors que les outils d’intelligence artificielle rendent plus faciles la fabrication de contenus explicites truqués, les États-Unis marquent un tournant législatif. Reste à voir si cette loi pourra réellement freiner un phénomène aussi viral qu’insidieux.