Des ateliers Tiktok dans un Ehpad de Bourges

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La rédaction

À l’initiative de deux aides-soignantes, les résidents de l’Ehpad Taillegrain de Bourges parodient des clips de rap sur Tiktok, dans des ateliers joyeux et thérapeutiques au succès improbable.

Cumulant déjà plus de 6 millions de vues, plus de 600.000 « J’aime » et près de 32.000 abonnés, le compte Tiktok de l’Ehpad du centre hospitalier de Bourges attire la curiosité des internautes. Une parodie de « La Kiffance » du rappeur marseillais Naps, avec en vedettes Edith et Annick, va continuer à alimenter le buzz. Munies d’un téléphone fourni par la direction, Chloé Simonet et Elodie Mandler filment les résidents et les motivent. « Quand il dit « voyager », vous pouvez par exemple lever les mains? Vous commencez par la gauche et vous allez à droite. Vous regardez le téléphone et on y va quand je dis « action! »« , lance Chloé.

Des vidéos à succès

Le tube de l’été 2021 évoque un « petit déj’ en pyjama » ? Dans son fauteuil, Annick fait semblant de touiller son café ! « C’est le refrain, on va faire une chorégraphie? », propose ensuite la soignante. Après quelques ratés et beaucoup de rires, les deux résidentes, affublées de lunettes en forme de trèfle font une pause. « Tu vois Edith, on peut y arriver toutes les deux », encourage Annick.

Les séquences s’enchaînent, plus droles les unes que les autres. Pour mimer la vitesse, on fait un passage en déambulateur. Pour un autre plan, il faut se relever et changer d’accessoire : un prétexte pour encourager l’activité physique.

Quelques jours après avoir été postée, « La Kiffance » fait plus d’un million de vues, moins que la reprise de « Confessions nocturnes » de Vitaa et Diam’s et ses plus de 3 millions de visionnages. « Tout me plaît, parce qu’on rigole bien et puis on fait participer les gens autour de nous », apprécie Annick Naboudet, 80 ans. « Je suis contente, ça me fait plaisir. » « J’espère durer le plus longtemps possible pour amuser tout le monde », plaisante-t-elle. « On aime ce qu’on fait. »

Un projet réfléchi et travaillé

Si les vedettes du jour ont bien bougé et ri, l’atelier lancé en février 2023 revendique aussi des visées thérapeutiques.

« On a décidé de faire l’atelier pour changer un peu de l’ordinaire, le loto, la belote, etc », raconte Chloé Simonet, à l’initiative du projet. « Ca sert à stimuler la créativité, l’imagination, les fonctions cognitives. » « Ce n’est pas comme dans un centre de loisirs, il faut des animations utiles aux résidents », renchérit sa collègue Elodie Mandler. « Donc il y a des objectifs : stimuler les fonctions cognitives et motrices. » « Les premières vidéos, c’était un petit peu compliqué. (…) Les résidents avaient du mal à retenir les chorégraphies ou les paroles« , se souvient-elle. « Maintenant, on fait les vidéos beaucoup plus rapidement. Il y a vraiment eu du progrès au niveau cognitif alors que ça ne fait qu’un mois. »

« On a eu certaines critiques », regrette-t-elle. « Ce n’est pas juste une animation comme ça, sur un coup de tête. Ca a mis un an à se mettre en place. C’est un projet réfléchi, qui a été présenté aux familles et en conseil de vie. Ce n’est pas fait n’importe comment. »

Et le succès ne s’arrête pas au réseaux sociaux. Au lancement, dix résidents sur les 40 du service s’étaient portés volontaires, d’autres s’apprêtent désormais à les rejoindre. L’initiative pourrait même se répandre : les soignantes ont été contactées par d’autres établissements séduits par une démarche, à même de « montrer une autre image » des Ehpad. « Un Ehpad n’est pas un mouroir », souligne Elodie Mandler. « On a vu beaucoup de choses négatives, et il faut les montrer parce que ce n’est pas normal, mais ce n’est pas comme ça dans tous les Ehpad. »

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