Procès Jubillar : accusé du meurtre de son épouse Delphine, Cédric Jubillar conteste les faits

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Loïs Boumal

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À Albi s’est ouvert lundi le procès de Cédric Jubillar, accusé du meurtre de son épouse Delphine, disparue en décembre 2020. Une affaire hors normes, marquée par l’absence de corps et de preuves matérielles, qui mobilise près de 300 journalistes venus couvrir les quatre semaines d’audience.

Une affaire médiatique exceptionnelle

Dans la nuit du 15 au 16 décembre 2020, Delphine Jubillar, infirmière de 33 ans, disparaît de son domicile de Cagnac-les-Mines (Tarn). La France vit alors sous couvre-feu lié au Covid-19. Très vite, l’affaire prend une dimension nationale, rappelant par son retentissement celle de Jonathann Daval, condamné quelques semaines plus tôt. « Une infirmière qui disparaît en pleine période Covid, (…) le mystère, l’absence de corps, l’absence de scène de crime, les gens sont friands de faits-divers, de tout ce qui est enquête (…) et c’est une affaire en ce sens-là qui est assez hors-normes », souligne Me Alexandre Martin, l’un des avocats de la défense.

Pour faire face au « fort engouement » suscité par ce dossier, un palais de justice spécialement aménagé accueille les débats, a indiqué Nicolas Jacquet, procureur général de la cour d’appel de Toulouse.

« Je conteste toujours les faits »

Âgé de 38 ans, peintre-plaquiste et père de deux enfants, Cédric Jubillar est jugé pour meurtre. Selon l’accusation, il n’aurait pas supporté que son épouse le quitte pour un autre homme. Les juges d’instruction s’appuient sur quelques indices – une paire de lunettes cassée, le témoignage du fils du couple, des cris rapportés par des voisines – mais aucune preuve matérielle n’étaye l’hypothèse de l’homicide.

Interrogé dès l’ouverture du procès, l’accusé a été clair : « Je conteste toujours les faits qui me sont reprochés », a-t-il asséné à la présidente Hélène Ratinaud après la lecture de l’acte d’accusation.

Violences subies, abandons : la personnalité de l’accusé

La cour a choisi d’entamer ce procès par l’examen de la personnalité de l’accusé, avant d’entrer dans les faits. Sur la base d’un rapport d’enquête de personnalité établi après 46 auditions, l’enfance de Cédric Jubillar a été décrite comme marquée par « des abandons et des rejets successifs », entre placements et violences subies. À la barre, barbe et crâne rasés, l’accusé s’est défini comme « quelqu’un de simple, extravagant de temps en temps ». « J’aime bien prendre de la place et donner mon avis sur tout », a-t-il ajouté.

Sur ses failles, il n’a pas éludé : « Oui j’étais un gros consommateur, entre dix et quinze joints par jour », reconnaissant l’impact sur un budget familial modeste et sur la stabilité de sa vie professionnelle. Un avocat des parties civiles lui a demandé : « Qu’est-ce qui vous touche, M. Jubillar ? » — « La disparition de ma femme d’abord, ne pas voir mes enfants, ne pas avoir de contacts avec ma famille », a répondu l’homme, ajoutant : « mais je n’aime pas parler de mes émotions, je suis pudique. »

« Il répond simple et cash », a résumé son avocate Emmanuelle Franck à la sortie de l’audience, tandis que Me Alexandre Martin soulignait que cette première journée avait permis de « décrire Cédric Jubillar tel que nous le connaissons, de manière équilibrée », et de montrer que « son enfance cabossée ne fait pas de lui l’être haineux qu’il aurait pu devenir ».

La suite du procès

Pour la famille de Delphine, les attentes sont tout autres. « Ils ont beaucoup de questions, peu de réponses », rappelle Me Mourad Battikh, avocat de cinq membres de la famille. Selon lui, il est « quelque peu problématique » que l’accusé « exhibe » son alliance dans le box. La famille attend « une double vérité : la vérité sur ce qu’il s’est passé au cours de cette nuit du 15 au 16 décembre 2020, et de savoir où est le corps évidemment d’autre part », insiste Me Battikh.

Incarcéré à l’isolement depuis juin 2021, Cédric Jubillar est soupçonné d’avoir fait disparaître son épouse, mère de leurs deux enfants. Son comportement jugé « suspect » – propos menaçants, participation limitée aux recherches, confidences rapportées par codétenus ou compagnes – a alimenté les soupçons. Mais il a toujours contesté, évoquant des « plaisanteries ».

Mardi après-midi, la cour d’assises du Tarn doit entrer dans le vif du dossier : l’examen des faits reprochés à l’accusé.

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