Corée du Sud : les progrès en matière d’égalité en danger

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La rédaction

Société profondément patriarcale et peu respectueuse des droits des femmes, la Corée du Sud est en proie à un antiféminisme galopant. Ces activistes, souvent de droite, appellent même à la suppression du ministère de l’Egalité des sexes et remettent en cause la politique des quotas.

Dans ce pays, leader dans le secteur des nouvelles technologies et douzième puissance économique mondiale, le phénomène #Metoo a permis de libérer la parole des femmes sur les violences et de porter publiquement des sujets comme la légalisation de l’avortement ou le tournage en caméras cachées d’images à caractère pornographique.

Pour certaines militantes les plus extrêmes, les positions se radicalisent avec une affirmation de ne jamais vouloir se marier ou de n’avoir ni enfants, ni relations sexuelles avec des hommes. Dénonçant le diktat de la beauté, des vidéos montrant des femmes détruire leur maquillage circulent aussi sur les réseaux sociaux.

Depuis le début de l’année un mouvement antiféministe a rassemblé plus de 300 000 abonnés sur une chaîne YouTube. Les revendications concernant la suppression du Ministère de l’Egalité des sexes s’appuient sur une possible aggravation des tensions sociales. Le député Ha Tae-keung, candidat à la présidence pour le parti conservateur Pouvoir au peuple (PPP) veut ainsi réduire “l’énorme coût social causé par les divergences autour des questions de genre”.

Lee Jun-seok, 36 ans, à la tête du PPP, refuse la mise en place de quotas pour favoriser l’accès des femmes à des postes à responsabilités et considère que les femmes ne subissent plus sont de discriminations ni à l’école, ni dans la vie professionnelle. Pourtant au sein des pays de l’OCDE, la Corée du Sud demeure l’état où l’écart entre le salaire des hommes et des femmes est le plus élevé. 

Une égalité vécue comme une injustice

Aujourd’hui, “certains de ces hommes se considèrent comme des victimes du féminisme”, notamment en raison de la discrimination positive estime Jinsook Kim, chercheuse à l’Université de Pennsylvanie. L’enseignante précise que les responsables politiques cristallisent le ressentiment des hommes pour rassembler un maximum de votes.

Autre point de crispation, le service militaire obligatoire de deux ans pour les jeunes hommes qui arrivent ainsi plus tard dans la vie active que les femmes. “Ils ont le sentiment qu’on leur demande injustement de compenser les privilèges sexistes dont ont bénéficié les hommes de l’ancienne génération ” explique Oh Jae-ho, de l’Institut de recherche de Gyeonggi.

“Nous assistons à un retour de bâton contre toutes les avancées obtenues par les mouvements féministes en Corée au cours des dernières années”, détaille pour sa part Sharon Yoon, professeur d’études coréenne à l’Université Notre Dame aux Etats-Unis.

La militante des droits des femmes Ahn So-jung estime que les politiciens “nient l’existence d’une discrimination institutionnelle à l’égard des femmes”.

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