Marie-Laure de Decker : une pionnière du photojournalisme

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La rédaction

Du 4 juin au 28 septembre 2025, la Maison Européenne de la Photographie (MEP) présente la première grande rétrospective consacrée à Marie-Laure de Decker. En réhabilitant son œuvre, la MEP rend hommage à cette figure majeure du photojournalisme, dont le regard, entre Histoire et intimité, résonne aujourd’hui avec une force particulière.

Une vie au cœur de l’Histoire

Née en 1947 et disparue en 2023, Marie-Laure de Decker a traversé la seconde moitié du XXe siècle avec son appareil photo en témoin. Elle capte les grands bouleversements de son époque au gré de ses rencontres et de ses engagements. Dans un milieu largement masculin, elle s’impose avec une détermination rare, choisissant un métier marqué par la passion, l’adrénaline, les risques et les renoncements. À une époque où peu de femmes osaient franchir ce terrain, elle s’y engage avec courage et conviction.

Dès les années 1970, elle forge une approche singulière du photojournalisme. Ses reportages couvrent des conflits majeurs – la guerre du Vietnam, l’apartheid en Afrique du Sud, la lutte anticoloniale au Tchad ou la dictature chilienne – mais elle refuse l’image sensationnelle. Son objectif privilégie la dignité des individus, explorant les hors-champs de la guerre. Ses portraits de militantes yéménites ou sa série sur les combattants tchadiens illustrent cette volonté de donner à voir autrement la violence, à travers des visages et des histoires.

Portraitiste des figures de son temps

Si ses images de conflits ont marqué les esprits, Marie-Laure de Decker s’illustre aussi par ses portraits de figures emblématiques du monde culturel et politique. Marcel Duchamp, Federico Fellini, Françoise Sagan, Catherine Deneuve, mais aussi François Mitterrand, Valéry Giscard d’Estaing ou Nelson Mandela, tous ont été immortalisés par son regard direct et sans fard. À partir des années 1980, elle élargit encore son champ de création à la photographie de mode et de cinéma, notamment sur les plateaux de tournage.

Commissariée par Victoria Aresheva, cette exposition rassemble plus de quarante ans de carrière et révèle toute la diversité de son œuvre. Entre documentation des conflits armés, portraits intimes et incursions dans la mode et le cinéma, l’hommage rendu par la MEP redonne à Marie-Laure de Decker la place qui lui revient : celle d’une photographe pionnière, dont l’art dialogue sans cesse entre mémoire collective et destins individuels.

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