Alors que les Jeux Olympiques et Paralympiques de Paris 2024 ont marqué une avancée historique avec la parité parfaite parmi les athlètes, le Haut Conseil à l’Égalité (HCE) alerte : l’égalité est loin d’être atteinte dans les coulisses du sport. Son rapport, publié en avril 2025, dresse un état des lieux inquiétant et formule 40 recommandations pour bâtir de véritables carrières féminines dans l’encadrement sportif.
Une parité de façade
Si les femmes représentaient pour la première fois 50 % des athlètes à Paris 2024, elles restent largement absentes des postes de pouvoir. En 2025, seules 3 femmes président l’une des 39 fédérations olympiques et paralympiques, un chiffre identique à celui du précédent cycle. Dans les structures sportives, elles ne sont que 34 % des dirigeant·es et 33 % des encadrant·es, des chiffres en baisse.
La situation est tout aussi préoccupante au niveau technique : seulement 21 % des directeurs·trices techniques nationaux et 19,3 % des cadres techniques sportifs sont des femmes. « La progression s’arrête là où commence le vrai pouvoir », écrivait déjà Françoise Héritier, une formule qui résonne encore dans le monde sportif actuel.
Freins systémiques et culture viriliste
Le HCE décrit un milieu miné par une culture patriarcale, où stéréotypes et discriminations persistent. Les freins sont multiples : surcharge mentale (76 %), coût du sport (62 %), insécurité (43 %), ou encore manque de confiance (42 %).
Les adolescentes sont particulièrement touchées : seules 16 % des filles de 15 à 17 ans atteignent les recommandations d’activité physique, contre 40 % des garçons, et les espaces sportifs libres sont occupés à 95 % par des hommes.
À cela s’ajoute une faible médiatisation et des écarts économiques abyssaux : en 2024, aucune femme ne figurait dans le top 100 des athlètes les mieux payés au monde, tandis que les 20 sportives les mieux rémunérées ont cumulé 226 millions de dollars, contre 1,9 milliard pour leurs homologues masculins.
Le rapport rappelle aussi la persistance de violences sexistes et sexuelles dans le sport, souvent minimisées ou tues, et annonce la tenue d’une enquête nationale auprès de 20 000 personnes pour en mesurer l’ampleur.
40 recommandations pour changer les règles du jeu
Face à ces constats, le HCE formule 40 mesures ambitieuses. Parmi elles : la création d’un programme national d’accompagnement des jeunes filles vers l’encadrement sportif, des co-présidences mixtes obligatoires dans les fédérations et ligues professionnelles, ou encore un quota immédiat de 40 % de femmes directrices techniques nationales. Le rapport propose aussi de conditionner les subventions publiques à la féminisation de la gouvernance, d’intégrer la lutte contre les violences sexistes et sexuelles dans toutes les formations et d’encourager les entreprises à flécher une part de leur sponsoring vers le sport féminin. Enfin, il appelle à faire de la France un modèle international de parité d’ici 2030, en soutenant la recherche, la visibilité des dirigeantes et la valorisation économique du sport au féminin.
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