Amélie Oudéa-Castéra : une figure du sport fragilisée par son passage éclair à l’Éducation

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La rédaction

Après un passage remarqué au ministère des Sports et une implication intense dans l’organisation des Jeux olympiques, Amélie Oudéa-Castéra reprend les rênes du Comité olympique français. Une nomination qui s’impose malgré une image écornée par son court épisode à l’Éducation nationale.

Amélie Oudéa-Castéra : la « Madame JO» qui « a pris cher»

Entrée en politique dans l’entourage d’Emmanuel Macron, camarade de promotion à l’ENA (promo Senghor), Amélie Oudéa-Castéra s’était imposée comme une « Madame JO » hyperactive et respectée. En 2022, après avoir participé à l’élaboration du programme sport du président sortant, elle est nommée ministre des Sports et des Jeux olympiques.

Dès ses débuts, elle est confrontée à la crise : le fiasco de la finale de la Ligue des champions au Stade de France la propulse sous les projecteurs, contrainte de répondre devant le Sénat aux côtés de Gérald Darmanin. Elle s’illustre ensuite par sa fermeté face à plusieurs figures puissantes du sport français : Claude Atcher, Bernard Laporte et Noël Le Graët, ce dernier ira jusqu’à déposer une plainte, retirée depuis.

En 2024, Oudéa-Castéra accepte le pari risqué de cumuler les portefeuilles du Sport et de l’Éducation nationale, à six mois des Jeux olympiques. Une décision qui, selon un ancien ministre, l’a exposée à un retour de bâton : « Elle a pris cher ».

C’est une déclaration sur la scolarisation de ses enfants dans l’enseignement privé, au sein du très élitiste établissement Stanislas, qui déclenche une tempête. Une « maladresse », admet-elle, mais qui lui aliène durablement une grande partie du monde enseignant. « Une faute dont elle n’est pas sûre d’arriver à se la pardonner à elle-même un jour », confiera-t-elle au sein même du comité olympique, une semaine avant d’être remerciée de la rue de Grenelle.

Résultat : moins d’un mois passé à l’Éducation, une crédibilité abîmée, et une réputation résumée crûment par un ancien cadre des JO : « Elle s’est cramée ».

Retour à son terrain de jeu

À 47 ans, elle revient au cœur de son univers naturel : le sport. Ancienne championne de tennis, lauréate de l’Orange Bowl, officieux championnat du monde des moins de 14 ans, elle avait déjà quitté le CAC 40 en 2021 pour rejoindre la Fédération française de tennis comme directrice générale. Son salaire à la FFT (400 000 euros brut annuels, plus 100 000 euros de prime d’objectif) avait été épinglé dans un rapport parlementaire début 2024, jugé « très élevé, voire anormal ».

Fondatrice de l’association « Rénovons le sport français », elle reste perçue comme une technicienne rigoureuse, parfois trop. Sa « culture Excel » issue de la Cour des comptes agace certains interlocuteurs. D’autres saluent sa ténacité et son intelligence stratégique. « Belle mécanique intellectuelle », selon le mot d’un proche, mais aussi personnalité clivante. « AOC, c’est : avant c’était bien, mais maintenant c’est moi », glisse un élu.

Toujours accompagnée de son équipe de communication, Amélie Oudéa-Castéra soigne son image. Dans son bureau ministériel, les dossiers sont classés au cordeau, un tapis de yoga trône à côté d’une raquette de tennis fétiche. Elle filme, publie, affiche un rythme soutenu. Mais sa volonté de contrôle permanent peut aussi irriter.

Ses tensions avec la maire de Paris, Anne Hidalgo, sont devenues notoires, parfois au point d’échanges acides en réunion. L’épisode où elle devance Hidalgo pour se baigner dans la Seine, avant de glisser sous l’œil goguenard des réseaux sociaux, reste symptomatique de cette rivalité sous haute tension.

Cap vers les Jeux d’hiver de 2030

En rejoignant la tête du comité olympique français, Oudéa-Castéra se projette désormais vers les Jeux d’hiver de 2030. Si son parcours politique a connu un sérieux accroc, elle conserve l’aura d’une femme de dossier et de réseau, parfaitement à l’aise dans les coulisses du sport de haut niveau. Reste à savoir si l’ombre de la rue de Grenelle s’estompera avec le temps, ou si elle pèsera durablement sur l’avenir de cette ambitieuse aux convictions bien huilées.

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