Rémunérations, négociations : Comment les femmes peuvent-elles faire face aux inégalités salariales ?

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La rédaction

Sandrine Fouillé, directrice RSE dans une grande entreprise et Insaff El Hassani experte en rémunération et égalité salariale, ont répondu aux questions de la journaliste Cynthia Illouz fondatrice du média The Women’s Voices réalisée avec Brut.Live.

Les inégalités professionnelles entre les femmes et les hommes prennent de multiples  formes. En premier lieu, les inégalités correspondantes aux types de contrats: les femmes étant plus souvent à temps partiel que les hommes. 

“Il y a toujours des écarts, à l’embauche […]. La loi impose une rémunération égale à compétence égale, donc il y a un cadre législatif qui impose aux entreprises de supprimer ces écarts” déclare Sandrine Fouillé.

“Pour renforcer le tout, l’index Pénicaud a aidé les entreprises à mesurer les différences entre les hommes et les femmes d’un point de vue de la rémunération, des retours de congés maternité, etc…” ajoute t-elle.

En effet, mis en place depuis 2019 par la loi Avenir Professionnel, l’index Pénicaud, permet de mesurer les inégalités salariales entre les hommes et les femmes au sein des entreprises d’au moins 50 salariés. Cet index permet également de scorer les entreprises et de les comparer les unes aux autres, afin que les entreprises communiquent dessus et soient incitées à s’améliorer.

Mais ce n’est pas suffisant car “dans le secteur privé, les femmes gagnent 28,5 % de moins que les hommes en moyenne. Elles travaillent aussi plus souvent à temps partiel et dans des métiers moins bien payés que les hommes. À temps de travail et poste équivalents, l’écart de salaire est de 5,3 %”, selon l’Observatoire des inégalités.

“Il faut que ce soit aussi une démarche à la fois des managers et des RH et des collaborateurs, qui doivent pouvoir parler d’argent. Parce qu’au-delà d’une régularisation de budget, qui est associée chaque année à des régularisations en faveur des femmes majoritairement. Il faut inciter les managers et les collaborateurs, à échanger sur l’argent, car c’est un sujet qui n’arrive pas facilement en France, encore plus lorsqu’on est une femme” termine la directrice RSE, habituée au sujet.

La négociation du premier salaire

Lors d’une première embauche, obtenir un salaire correspondant à ses compétences, n’est pas une facile. Cette arrivée dans le monde du travail et n’est pas toujours à la hauteur des espérances attendues. 

“Quand on entre sur le marché de l’emploi, ou que l’on s’engage dans un processus de recherche d’emploi, il faut découvrir la juste valeur qui s’applique à son profil. Il faut découvrir le prix de notre profil, de nos compétences et de notre expérience, qui est définie par le marché du travail” conseille Insaff El Hassani, experte en négociation salariale.

La France qualifiée de société “féminine” par de nombreux géo politicologue, conservatrice lorsqu’il s’agit d’évoquer l’argent, le lien se crée rapidement entre les femmes et la négociation salariale.

“Les femmes ont du mal à négocier, pas parce qu’elles sont particulièrement moins bonnes que les hommes, c’est parce que lorsqu’elles le font on les renvoie à leur genre […] Empiriquement, les femmes ont le syndrome de la bonne élève, de l’imposteur et ont plus de mal à renégocier un salaire et à localiser leur juste valeur. En revanche quand elles le font, elles ne sont pas toujours écoutées par les employeurs qui vont essayer de jouer le jeu de la négociation et tirer le salaire vers le bas ” explique Insaff El Hassani.

“Pas mal de DRH ont rapporté que, alors que chaque semaine des hommes se présentait à son bureau pour mettre en avant leurs projets et négocier leur salaire, elles ne voient que deux ou trois femmes chaque année qui osent venir avoir cette conversation […] ce qui peut se passer c’est de laisser croire aux recruteurs que les carrières des femmes sont plus faciles à gérer et leurs octroyer moins de bénéfices, de moins bons résultats” ajoute Sandrine Fouillé.

” Être factuel et rationnel c’est mettre en place une stratégie de négociation”

Plusieurs techniques sont à appliquer lors d’une renégociation de salaire, elles peuvent être également différentes et aléatoires des hommes aux femmes.

Elles seront basées sur la valeur de notre profil sur le marché, à date, pas quand on est rentré dans l’entreprise, sur notre reporting, un ratio contribution/rétribution.

Insaff explique : de très simples questions sont à se poser “Qu’est ce que j’ai apporté comme richesse à l’entreprise ? Combien d’argent je lui ai fait gagner ? Quelle est ma contribution à l’équipe ? À l’entreprise ? Qu’est-ce qu’on a fait dans l’entreprise ? Est-ce que j’ai eu des fonctions alignées avec le contenu initial de mon poste ou les dépasse elles ?”

Si toutes ces questions ont une réponse favorable, le recours à un rééquilibrage de sa rémunération est parfaitement légitime, puisque le contenu et le périmètre du poste se sont élargis.

L’équilibre de la carrière professionnelle avec plusieurs enfants

Le premier facteur explicatif des inégalités de salaires provient des différences de temps de travail, ce qui pourrait expliquer le déséquilibre de carrière professionnelle pour les femmes ayant un à plusieurs, si le temps de travail est réduit.

Pourtant, même en ne comparant que les salaires en équivalent temps plein, les femmes perçoivent encore 16,8 % de moins que les hommes, selon l’INSEE.

“Il faut être optimiste et on a le droit de l’être. Moi, à mes débuts, prise de conscience des écarts de rémunérations entre les hommes et les femmes, poste dans une grande entreprise dans le secteur bancaire […] j’ai négocié ma rémunération devant un DRH que je trouvais très impressionnant, et j’ai quand même réussi à négocier mon salaire et d’être recrutée à mon premier CDI” répond Sandrine Fouillé, avec un message porteur d’espoir.

Donc quand vous avez un outil révolutionnaire comme ma juste valeur, qui est un podcast gratuit en plus, et les formations si vous voulez aller plus loin, car aujourd’hui il y a un vrai manque d’information concernant le sujet. Oui on a un certain nombre de chiffres clés pour les rémunérations, les écoles donnent aussi des fourchettes de rémunérations, la parole libère de plus en plus le sujet.

“2% ce n’est pas une augmentation”

L’augmentation salariale doit être en accord avec le coût de l’inflation, la Banque de France anticipe un taux d’inflation d’environ 3 % au premier trimestre de 2022 et donc des salaires par tête en progression de 4,4 % cette année.
“Chaque année, les prix augmentent, et concrètement si votre salaire n’augmente pas, vous perdez de l’argent. En fonction des véritables augmentations, la fourchette basse c’est 5% et la fourchette haute c’est 20% 30% pour les gros changements de poste” averti, la spécialiste de la négociation.
“Maintenant, si on prend l’exemple d’une femme sur le même poste, qui gagne en compétence, en expertise, elle n’a pas bougé de poste, mais elle est méritante, car son travail apporte à l’entreprise, une augmentation qui est correcte, c’est entre 5 et 8%. Ça, c’est si vous restez sur le même poste.” complète t-elle avec son précédent propos.
Parler argent au travail, c’est tabou !
L’argent est le deuxième plus grand sujet tabou en France, juste après la sexualité,  en parler en tout dé complexité et surtout au sein de son environnement professionnel reste assez controversé.
Un comportement curieux, lorsque l’on sait qu’au travail l’on reçoit en tant que paye, la somme qui constituerait plus de la moitié de nos dépenses.
“La première chose à faire, c’est de lever le tabou sur l’argent au travail. Et la deuxième chose de se mettre un peu dans les chaussures de l’autre, que les entreprises prennent en compte les personnes qui font la force et qui font tourner les entreprises et de la même manière, que les salariés écoutent les besoins et les enjeux des entreprises” suggère la fondatrice du podcast “Ma Juste Valeur”.
“C’est complètement innovant d’avoir une démarche collaborative, de ne pas opposer comme depuis des années les collaborateurs aux employeurs […] favorisés les échanges et les discussions sur le sujet de l’argent et ne plus en faire un tabou[…] il faut pouvoir expliquer et avoir des arguments sur le sujet”, complète Mme Sandrine Fouillé.


“Ma Juste Valeur” le podcast fondé par Insaff El Hassani, sur les femmes et l’argent dans le but de conseiller les femmes financièrement, promouvoir l’égalité salariale et enfin briser les tabous sur les femmes et l’argent.

 

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