Congés parentaux : l’OIT dénonce une inégalité mondiale

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Mathéa Mierdl

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Alors que les femmes disposent en moyenne de cinq mois de congés parentaux rémunérés de plus que les hommes, l’Organisation internationale du Travail (OIT) tire la sonnette d’alarme. Dans une nouvelle note, elle appelle les États à réformer en profondeur leurs politiques familiales dans le but de garantir une répartition équitable des responsabilités parentales et favoriser l’égalité sur le marché du travail.

Un déséquilibre persistant dans les congés parentaux

L’Organisation internationale du Travail (OIT) publie une nouvelle note alarmante. Dans le monde, les femmes bénéficient en moyenne de 24,7 semaines de congés parentaux rémunérés, contre seulement 2,2 semaines pour les hommes. Cela représente un écart de plus de cinq mois. Cette situation freine l’égalité entre les sexes, tant au sein des familles que sur le marché du travail. Selon Sukti Dasgupta, directrice à l’OIT, des congés égaux, non transférables et financés publiquement sont indispensables. Sans cela, les rôles traditionnels persistent : les femmes portent encore la charge principale des soins. Cette inégalité a des conséquences concrètes. En 2023, 708 millions de femmes restent en dehors du marché du travail pour raisons familiales, contre seulement 40 millions d’hommes.

L’OIT estime que réduire cet écart coûterait 0,13 % du PIB mondial chaque année, soit 142 milliards de dollars d’ici 2035. Cet investissement permettrait à chaque parent de bénéficier d’au moins 14 semaines de congé payé à hauteur de 67 % du revenu antérieur. Il pourrait aussi générer plus de quatre millions d’emplois formels à travers le monde. Les disparités régionales sont fortes : l’effort nécessaire varie de 0,08 % du PIB en Europe et Asie centrale à 0,49 % dans les États arabes. Pour l’OIT, ce coût est justifié si l’on veut garantir une meilleure répartition des responsabilités parentales et une plus grande égalité sur le marché du travail.

Espagne, Suède, Singapour… Ces pays qui réinventent le congé parental

Certaines nations montrent la voie. L’Espagne a mis en place un système neutre en matière de genre. En Suède, des quotas “utiliser ou perdre” encouragent les pères à prendre leur congé. Singapour a récemment élargi ses congés parentaux partagés : chaque parent recevra cinq semaines d’ici 2026. D’autres pays, comme le Danemark, le Costa Rica ou Oman, adoptent un financement mixte pour inclure les travailleurs informels. Ces initiatives démontrent que des politiques plus justes et inclusives sont possibles avec un engagement politique clair.

L’OIT propose quatre mesures majeures. D’abord, ratifier et appliquer la Convention n° 183 sur la protection de la maternité. Celle-ci protège les mères employées de licenciements abusifs ou de diverses inégalités. Ensuite, reconnaître le rôle des pères avec des congés bien rémunérés, non transférables et protégés. Troisièmement, garantir un congé rémunéré pour chaque parent, avec des options flexibles. Enfin, assurer un financement public équitable pour toucher tous les types de travailleurs. En somme, l’OIT appelle à une réforme mondiale ambitieuse. L’objectif : permettre à tous les parents, quel que soit leur genre, de s’impliquer à égalité dans la vie familiale.

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